Parler de la maladie n’est jamais facile, surtout lorsqu’il s’agit d’en transmettre les souvenirs à ses enfants. Pourtant, nombreux sont les parents, grands-parents ou proches qui ressentent le besoin de partager ces moments difficiles. Non pas pour alourdir la mémoire familiale, mais pour laisser une trace précieuse de résilience, de force et d’amour. Cet acte de transmission peut devenir un véritable cadeau, chargé de sens et porteur d’humanité.
Pourquoi transmettre ses souvenirs de maladie à ses enfants ?
La maladie fait partie intégrante du vécu de nombreuses personnes. Qu’elle ait été surmontée ou non, elle marque les esprits et transforme les regards sur la vie. Transmettre ces souvenirs à ses enfants, c’est leur offrir une lecture authentique de son histoire personnelle. C’est aussi leur transmettre une certaine sagesse, un rapport au corps, à la santé, à la vulnérabilité et à la vie elle-même.
On pourrait être tenté de taire ces événements, par pudeur ou pour protéger ses enfants. Pourtant, se souvenir des moments difficiles est nécessaire pour avancer, et en parler permet d'en libérer la charge émotionnelle. Surtout, cela montre à ses enfants que même dans l’épreuve, on peut continuer d’exister pleinement et de ressentir de l’amour, de la joie ou de la gratitude.
La force du récit personnel dans la transmission intergénérationnelle
Les enfants et petits-enfants ne connaissent souvent qu’une version édulcorée des épreuves traversées par leurs aînés. Pourtant, lorsqu’un parent raconte avec sincérité les moments où il s’est senti vulnérable, où il a eu peur ou douté, quelque chose de profond se joue. Le lien s’humanise, les tabous tombent, et l’enfant comprend que la souffrance fait partie de la vie, mais qu’elle n’en est pas le tout.
Offrir à ses enfants le récit de sa traversée de la maladie, c’est rompre avec l’idée que les adultes doivent être indestructibles. C’est permettre à la génération suivante d’aborder ses propres épreuves avec moins de solitude et plus de repères. Nombre de psychologues soulignent d’ailleurs combien entendre ces récits familiaux peut aider à guérir intérieurement.
Des souvenirs douloureux mais essentiels
Certains souvenirs de maladie sont empreints d’émotions intenses : angoisse, solitude, douleur... Mais ce sont aussi parfois des moments où la vie reprend soudain toute sa valeur, où l’on se sent plus proche des siens, ou encore où l’on découvre des ressources en soi que l’on ignorait.
Ce sont ces nuances, ces paradoxes, qui méritent d’être partagés. Raconter les moments difficiles, oui, mais aussi parler du soin reçu, des gestes tendres, des rires échappés en salle d’attente, des rencontres marquantes. Pour faire émerger ces souvenirs positifs sans nier l’épreuve, on peut s’appuyer sur des techniques simples, comme celles mentionnées dans cet article : comment faire émerger les souvenirs positifs malgré la maladie.
Comment aborder le sujet avec ses enfants ?
Il n’est pas nécessaire d’attendre le moment « parfait » pour parler de sa maladie passée ou présente. Ce moment n’existe pas toujours. L’important est d’être prêt soi-même, et de choisir un cadre propice à l’écoute – une promenade, un trajet en voiture, un repas intime.
On peut parler en plusieurs fois, en fonction de la maturité de l’enfant, et laisser de l’espace à ses réactions. Si l’on préfère écrire plutôt que parler, c’est également une option. Le recul que permet l’écriture est souvent bénéfique. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’a été conçu le livre Raconte-moi ton histoire, un ouvrage à compléter soi-même, pensé pour guider le souvenir tout en douceur.

Des questions comme « Quelle a été la chose la plus difficile à vivre ? », « Qu’as-tu appris pendant cette épreuve ? » ou encore « Qui t’a particulièrement aidé ? » permettent de transformer une expérience de maladie en récit de vie. Pour ceux qui auraient besoin d’inspiration, cet article suggère plusieurs pistes : exemples de questions à poser à un proche qui a surmonté la maladie.
L’importance de poser les mots sur ce que l’on a vécu
Écrire ou raconter sa maladie n’est pas seulement un acte pour autrui – c’est aussi une manière de se reconstruire. C’est une occasion de relire son histoire avec le filtre du temps, de réintégrer certains pans de sa vie dans une continuité qui a parfois été brisée.
De plus, en mettant des mots sur ce que l’on a vécu, on exerce une forme de maîtrise sur l’événement. On devient sujet de son histoire et non victime passive. C’est aussi un moyen de témoigner de son parcours avec dignité, sans tomber dans le pathos – comme le souligne parfaitement cet article : comment parler de la maladie sans tomber dans le pathos.

Un héritage invisible mais précieux
Quand on parle d’héritage, on pense souvent à des objets, de l’argent ou de la terre. Mais l'héritage le plus profond est souvent celui qu’on ne voit pas. Les histoires familiales, les récits intimes, les témoignages sur les épreuves traversées forgent l’identité de ceux qui les reçoivent.
Transmettre ses souvenirs de maladie à ses enfants, c’est leur offrir un morceau de vérité, et renforcer leur propre résilience. Cela leur permet aussi, dans certains cas, de mieux comprendre les dynamiques familiales, les silences, ou certaines peurs inexplicables.
Que ce soit sous forme orale, écrite, ou à travers un support spécifiquement dédié comme Raconte-moi ton histoire, cette démarche est avant tout un acte d’amour. C’est dire : « voici ce que j’ai vécu, je te le confie pour que tu le connaisses, mais aussi pour que tu n’aies pas peur de vivre, toi aussi, les épreuves qui viendront. »