Quels souvenirs resteront à une personne touchée par la maladie d’Alzheimer ?

Livre Raconte-moi ton histoire ouvert à la page d’un arbre généalogique

Comment la mémoire est-elle affectée par la maladie d’Alzheimer ?

La maladie d’Alzheimer affecte progressivement les différentes formes de mémoire. Au début, ce sont les souvenirs récents qui s’effacent. Aller chercher quelque chose dans une autre pièce, se rappeler d’un rendez-vous, retenir une conversation récente : ces souvenirs disparaissent souvent les premiers. Pourtant, certains éléments de la mémoire ancienne peuvent rester accessibles pendant longtemps. Ce sont ces souvenirs anciens — parfois de l’enfance ou de la jeunesse — qui peuvent émerger de façon intacte, même lorsque tout le reste semble flou ou oublié.

Les neurosciences expliquent cela par le fait que les souvenirs anciens sont enracinés plus profondément dans le cortex cérébral, tandis que les souvenirs récents s'appuient davantage sur l’hippocampe, la région du cerveau touchée en premier lieu par la maladie.

Quels types de souvenirs ont le plus de chances d’être préservés ?

Certains souvenirs ont plus de chances de subsister que d'autres. Il s'agit souvent de souvenirs marqués par une forte charge émotionnelle ou par des événements marquants. Ces souvenirs sont durablement encodés dans la mémoire.

  • Les souvenirs d’enfance : l’école, les jeux, les frères et sœurs, les vacances, les odeurs de cuisine ou les chansons de l’époque reviennent souvent en mémoire.
  • Les souvenirs sensoriels : les goûts, les odeurs, les musiques ou les sensations physiques (comme le fait de marcher pieds nus dans l’herbe) peuvent persister ou être ravivés facilement.
  • Les souvenirs affectifs : les moments de tendresse, les éclats de rire, le premier amour ou la naissance des enfants peuvent demeurer bien présents.

Dans ce contexte, la mémoire émotionnelle est souvent plus résistante à la dégénérescence. C’est pourquoi, même quand les mots s’échappent, un visage familier ou un geste tendre peuvent encore résonner profondément.

Pourquoi préserver ces souvenirs est essentiel pour les proches

Quand une personne atteinte d’Alzheimer commence à oublier les faits récents, les proches se sentent souvent démunis. Pourtant, capter ce qui reste de la mémoire affective et narrative peut avoir un profond effet thérapeutique, autant pour la personne malade que pour les proches.

Ces souvenirs ne sont pas seulement des fragments du passé : ce sont des repères identitaires. Ils disent ce que la personne a traversé, aimé, construit. Les rappeler, les écrire, les partager, c’est ancrer encore un peu cette histoire dans le présent.

À ce titre, il est tout à fait possible de consigner les souvenirs d’un proche, même s’il oublie déjà beaucoup. Des outils existent pour cela : carnets de mémoire, entretiens-guidés, photographies, ou livres à compléter.

Les souvenirs racontés : un pont entre générations

Conserver les histoires de vie d’une personne atteinte d’Alzheimer, c’est aussi créer un héritage pour les générations suivantes. Les petits-enfants, en particulier, sont souvent curieux de connaître l’enfance de leurs grands-parents. Cependant, il n’est pas toujours évident pour eux de comprendre les effets de la maladie.

Un support de transmission adapté peut les y aider. Cet article explore justement comment aider les enfants à comprendre la maladie d’un grand-parent atteint d’Alzheimer.

Pour ceux qui souhaitent recueillir ces souvenirs tout en facilitant l’échange, le livre “Raconte-moi ton histoire” offre un cadre rassurant. Il contient des questions guidées qui permettent, étape par étape, de faire émerger les souvenirs, même simples, et d’en garder une trace.

Livre Raconte-moi ton histoire sur un lit avec un stylo à côté

Comment accompagner avec respect la mémoire fragilisée ?

Face à un proche atteint d’Alzheimer, la tentation est grande de corriger, de rappeler, d’imposer la réalité. Pourtant, entrer dans le monde de l’autre, accepter ses repères, même déformés, peut être plus apaisant. L’essentiel n’est plus tant la fidélité des souvenirs que le vécu émotionnel qu’ils entraînent.

Poser des questions ouvertes, solliciter les cinq sens, montrer des photos ou jouer une chanson familière peut stimuler la mémoire de manière douce. Et si ces moments permettent une narration, même fragmentaire, ils peuvent ouvrir des bulles de lucidité, de joie ou de lien profond.

Il est également important de respecter le rythme de la personne. Chaque souvenir retrouvé est un cadeau, pas un objectif de performance.

Et si la personne ne peut plus raconter ? La mémoire des autres

Lorsque la maladie est avancée, la personne atteinte perd souvent la capacité de raconter. Mais cela ne signifie pas que son histoire doit disparaître. Les proches deviennent alors les gardiens de cette mémoire. Ils peuvent ensemble reconstituer les fragments du passé, en s’appuyant sur des photos, des lettres, ou encore des récits familiaux.

Un proche peut prendre l’initiative de raconter à la place, ou de remplir un cahier de souvenirs. Certains s’interrogent : est-il possible de transmettre son histoire malgré une maladie comme Alzheimer ? La réponse est oui, pourvu qu’on accepte que cette transmission soit parfois incomplète, mais profondément sincère.

Le contenu alors produit peut être partagé avec les nouvelles générations, pour garder une trace, pour honorer les racines, et surtout, pour dire : "Tu as compté. Ton histoire n'est pas perdue."

Un livre pour figer l’essentiel avant que l’oubli n’efface

Le livre “Raconte-moi ton histoire” invite à raconter sa vie dans le cadre d’une série de questions précises. Des souvenirs les plus symboliques aux événements les plus simples du quotidien, il aide à reconstituer un puzzle biographique. Même si une personne malade n’est plus en état de le compléter seule, ses proches peuvent l’accompagner dans ce processus.

Certains des chapitres du livre abordent des sujets tels que la maison d’enfance, les objets importants, les métiers exercés ou encore les traditions familiales — autant de jalons pour revivre et transmettre une histoire.

Il arrive que ces souvenirs stimulent la communication, apaisent ou ravivent des liens distendus. En cela, ce livre n’est pas seulement un outil de recueil, il devient un support de dialogue et d’attention.

Redonner du sens à ce qui reste

La maladie d’Alzheimer bouleverse les repères mais ne détruit pas tout. Ce qui est perdu ne doit pas nous faire oublier ce qui subsiste. Chaque souvenir préservé est une lueur précieuse. Entretenir ces traces, les écrire, les partager, c’est honorer la personne malgré la maladie.

Et parfois, en tendant ce fil de mémoire, on découvre que oui, même les malades avancés peuvent encore raconter leur histoire, à leur manière.