
Expliquer la maladie d'Alzheimer aux enfants : par où commencer ?
Lorsque la mémoire d’un grand-parent commence à vaciller, les enfants perçoivent rapidement le changement. Ils peuvent s’interroger : pourquoi mamie ne se souvient-elle plus de mon prénom ? Pourquoi papi répète toujours les mêmes histoires ? Il est essentiel de ne pas éviter ces questions. Utilisez des mots simples, adaptés à leur âge, pour expliquer que le cerveau du grand-parent fonctionne différemment maintenant.
Vous pouvez dire par exemple : « Le cerveau de mamie est malade, elle a quelque chose qu’on appelle Alzheimer. C’est une maladie qui fait oublier les choses, même les personnes qu’on aime. Ce n’est pas qu’elle ne t’aime plus, c’est juste que son cerveau a du mal à se rappeler. »
Créer un espace sécurisé pour parler de la maladie en famille
Les enfants ont besoin d’un cadre rassurant pour exprimer leurs émotions. La tristesse, la confusion, parfois même la colère peuvent émerger. Favorisez les échanges ouverts à la maison en disant clairement qu’il est normal de ressentir tout cela. Encouragez-les à poser des questions. Répondez le plus honnêtement possible, sans dramatiser.
Certains enfants s’inquiètent pour leur propre santé ou celle de leurs parents : rassurez-les en expliquant que la maladie d’Alzheimer n’est pas contagieuse. Lire ensemble des livres pour enfants sur le sujet peut aussi être un bon support pour accompagner ces discussions.
Impliquer les enfants dans la relation avec leur grand-parent atteint d’Alzheimer
Perdre une partie de la relation qu’ils avaient avec leur grand-parent peut être source de chagrin pour les enfants. Pourtant, tout n’est pas perdu. Aider les enfants à rester connectés avec leur papy ou leur mamie est essentiel. Cela passe par des gestes simples : chanter ensemble une chanson que le grand-parent aimait, regarder un album photo, feuilleter un carnet de souvenirs…
Certains objets peuvent devenir supports de communication. Le livre “Raconte-moi ton histoire”, par exemple, peut servir de lien générationnel. Même si le grand-parent oublie, parfois des souvenirs émergent à la simple vue d’une vieille photo ou d’un mot familier. Les enfants peuvent poser les questions avec tendresse et écouter les réponses, même quand elles sont incomplètes.

Pour aller plus loin, cet article explore la capacité des malades d'Alzheimer à raconter leur histoire, même partiellement, et comment en faire un moment partagé en famille.
Accompagner les émotions de l’enfant face à la perte de mémoire d’un proche
Le plus difficile pour un enfant est souvent de voir diminuer des capacités qu’il admirait. Un grand-père qui ne se souvient plus comment raconter ses histoires drôles ou une grand-mère qui ne reconnaît plus ses photos de vacances, cela peut être vécu comme une forme de perte affective.
L’enfant doit pouvoir exprimer cette douleur. Les plus jeunes s’exprimeront par le jeu ou le dessin. Les plus grands préfèreront peut-être écrire dans un carnet ou parler en tête à tête. Créez l’espace nécessaire pour cela. Proposez-leur aussi de construire une mémoire partagée : noter une anecdote vécue avec leur grand-parent, coller ensemble des photos, retrouver des objets qui rappellent des moments importants.
À ce sujet, l’article “Comment construire une mémoire familiale alors qu’un proche oublie tout ?” peut offrir des pistes concrètes pour les familles dans cette situation.
Mettre en valeur ce que le grand-parent peut encore transmettre
Il est réconfortant pour un enfant de comprendre que la maladie n’efface pas tout. Certaines émotions, certaines habitudes, et même certains souvenirs lointains persistent. Le grand-parent peut encore offrir de beaux moments de tendresse. Valorisez ce qui est encore possible : une balade ensemble, le goût d’un plat cuisiné ensemble, une chanson connue de longue date…
Avec les bons outils, il est possible de garder une trace de ce qui fait encore sens pour ce grand-parent. Dans cet esprit, le livre “Raconte-moi ton histoire” peut servir de refuge à ces éclats de mémoire. Même une seule réponse griffonnée ou un souvenir raconté entre deux silences peut devenir précieux pour l’enfant, et pour la mémoire familiale tout entière.
Pour comprendre les défis de la mémoire défaillante, consultez également notre article “Les souvenirs en danger : que faire quand la mémoire s’efface ?”.
Adapter le lien intergénérationnel au fil de la maladie
La relation avec un grand-parent malade évolue avec le temps et les stades de la maladie. Même si le lien devient asymétrique, il reste important. Savoir que l’on rend visite à papy chaque samedi, que l’on tient la main de mamie même si elle ne parle plus, c’est continuer à transmettre des valeurs : la fidélité, la tendresse, le respect.
Ne sous-estimez pas la finesse émotionnelle des enfants. Ils ressentent profondément les changements, mais ils ont aussi une capacité de résilience étonnante. En les accompagnant avec bienveillance, ils construisent une compréhension du vieillissement, de la maladie, et de l’amour inconditionnel.
Vous trouverez d’ailleurs des éléments complémentaires sur ce sujet dans notre article “Faut-il parler des moments tristes du passé à une personne atteinte d’Alzheimer ?”.
Transformer les souvenirs en héritage familial
Comprendre la maladie d’Alzheimer, c’est aussi voir ce qu’elle ne peut effacer : ce que le grand-parent a été, a transmis, a aimé. Encourager vos enfants à recueillir ce qu’ils peuvent encore partager avec leur aïeul leur permet de se sentir acteurs de cette relation, et non dépossédés.
Écrire une anecdote, enregistrer une chanson que le grand-parent chantait, poser une question tirée du livre “Raconte-moi ton histoire” pour éviter que la mémoire ne se perde — tout cela contribue à créer un héritage affectif et culturel.
Si le proche atteint commence déjà à oublier beaucoup, vous pouvez aussi consulter notre article “Peut-on consigner les souvenirs d’un proche même s’il oublie déjà beaucoup ?” pour découvrir des mécanismes de transmission alternatifs.
En aidant les enfants à comprendre et à s’adapter à la maladie de leur grand-parent, on sème des graines d’humanité. On leur apprend à aimer autrement. Et peut-être qu’un jour, ce seront eux qui aideront à transmettre cette histoire que l’on croyait perdue.