La santé mentale est un sujet essentiel mais souvent délicat à aborder, que ce soit entre amis, en famille ou avec un proche que l’on sent fragile. Souvent par peur de maladresse, ou simplement parce que l’on ne sait pas par où commencer, on évite le sujet. Pourtant, des questions bien choisies peuvent ouvrir des espaces de dialogue réconfortants, nourrir l’empathie et même amorcer des chemins de guérison.
Pourquoi est-il si difficile d’aborder la santé mentale ?
La santé mentale reste, encore aujourd’hui, empreinte de tabous. Beaucoup redoutent d’être jugés, incompris ou d’inquiéter leurs proches. Le poids culturel autour de l’idée de « faiblesse » ou de souffrance intérieure accentue ce silence.
Or, éviter le sujet ne le fait pas disparaître. Au contraire, de nombreux troubles, comme l’anxiété ou la dépression, s’aggravent dans l’isolement émotionnel. C’est pourquoi poser des questions, de manière douce et respectueuse, peut permettre à une personne en difficulté de se sentir vue, entendue, et peut-être soulagée.
Les bases d’un échange respectueux : créer un climat de sécurité
Avant de poser une question, il est primordial de créer un environnement propice à la parole. Cela inclut :
- Choisir un moment calme, sans distractions ni urgence.
- Utiliser un ton chaleureux et non intrusif.
- Rester disponible émotionnellement pour écouter sans interrompre ni juger.
Exprimer un intérêt sincère pour l’autre, sans attente de réponse particulière, est souvent ce qui fait la différence.
Des questions ouvertes pour faciliter la parole
Voici une sélection de questions qui peuvent faciliter un échange autour du bien-être émotionnel :
- “Comment tu te sens en ce moment, vraiment ?”
- “Y a-t-il quelque chose qui t’apaise quand tu vis une période compliquée ?”
- “As-tu déjà ressenti un poids que tu n’arrivais pas à expliquer ?”
- “Y a-t-il une personne ou un endroit qui t’aide à te sentir toi-même ?”
- “Qu’est-ce qui t’a aidé à traverser des moments difficiles par le passé ?”
Ces formulations respectent l’intimité tout en ouvrant des possibilités d’expression. Ce sont des amorces, pas des interrogatoires.
Utiliser les souvenirs comme tremplin pour parler de santé mentale
Évoquer des souvenirs peut être un excellent levier pour parler d’émotions, de résilience, ou de fragilité. Par exemple :
- “Te souviens-tu d’un moment où tu t’es senti dépassé ? Qu’est-ce qui t’a aidé à en sortir ?”
- “Quel était le contexte autour de toi lors d’un moment difficile de ta vie ?”
- “Quand est-ce que tu t’es senti le plus fort malgré l’adversité ?”
Certains outils existent pour inviter à ces conversations. Par exemple, le livre Raconte-moi ton histoire propose des pages guidées, notamment pour parler de moments marquants, heureux ou douloureux, et dégager du sens en les racontant à quelqu’un.

Écrire ou parler de souvenirs, même anciens, est parfois un moyen détourné — mais libérateur — pour parler de ce que l’on ressent aujourd’hui. Notre article “Par quoi commencer quand on veut écrire sur ses souvenirs pour aller mieux” détaille comment amorcer cette démarche.
Encourager l’écoute active et la continuité du dialogue
Une fois que la conversation est ouverte, l’essentiel est d’entretenir la confiance. Il ne s’agit pas de tout résoudre en une seule discussion. Cela peut nécessiter du temps, du silence, des retours différés. Vous pouvez demander :
- “Tu veux qu’on continue cette conversation une autre fois, quand tu te sentiras prêt ?”
- “Est-ce que ça te ferait du bien d’en parler plus régulièrement, même un petit peu ?”
On n’est pas un.e thérapeute, mais on peut être un point d’ancrage. Le simple fait de montrer à l’autre que sa parole est précieuse peut faire une immense différence.
Suggérer des actes doux pour prendre soin de soi
Parfois, notre interlocuteur n’a pas les mots, ou pas l’envie de les mettre encore. C’est alors une bonne idée de lui proposer une activité qui passe par l’écriture, la création ou la narration indirecte. Par exemple :
- Réunir des photos et raconter leur contexte
- Tenir un carnet d’émotions
- Écrire une lettre à son « moi » d’enfance ou futur
Ces pratiques peuvent sembler anodines, elles sont pourtant puissantes. Comme expliqué dans notre article “Comment utiliser l'écriture pour traverser une période difficile émotionnellement”, écrire permet parfois de dire l'indicible à un rythme maîtrisé.
Protéger sa propre santé mentale en soutenant un proche
Soutenir un proche en souffrance peut être éprouvant. Il est essentiel de ne pas s’oublier dans le processus. Si la charge commence à peser, il est légitime de demander de l’aide, en tant que soutien. Certaines structures comme le site Psychologies.com ou les plateformes d’écoute comme SOS Amitié apportent des ressources pour tous, y compris les aidants émotionnels.

La transmission : un pilier discret de la santé psychologique
De nombreux troubles psychiques s’amplifient dans le silence générationnel : quand les non-dits traversent les décennies. Offrir à un proche la possibilité de raconter sa vie, de transmettre ses expériences, c’est ne pas laisser ces silences se perpétuer.
C’est ce que propose, entre autres, le livre Raconte-moi ton histoire : un espace bienveillant, calme, sans pression, pour consigner une vie, dans toute sa richesse et ses nuances. Vous pouvez aussi explorer notre article “Accompagner un parent dans la narration de sa vie pour soutenir sa santé psychologique” pour mieux comprendre la démarche.
Conclusion : les mots construisent des ponts entre les silences
Parler de santé mentale avec un proche demande du courage, de la délicatesse et de l’écoute. Il ne s’agit pas de tout comprendre ni de tout résoudre, mais d’ouvrir la porte. Une question ouverte, une remarque attentive, une invitation à écrire ou à raconter peut suffire à amorcer quelque chose de précieux.
La bienveillance passe souvent par les mots, les vrais, les calmes, ceux qu’on offre pour dire « je suis là et tu n’es pas seul ».
Pour aller plus loin, cet article sur les idées de discussions profondes pour mieux comprendre le vécu émotionnel de ses proches pourra vous inspirer davantage.