Lorsqu’on traverse une période de bouleversement émotionnel — deuil, rupture, burn-out, maladie ou perte de repères — il est naturel de chercher un refuge. Parmi les outils les plus accessibles et pourtant souvent sous-estimés, l’écriture se distingue comme un moyen puissant d’apaisement, de compréhension et de reconstruction intérieure.
Pourquoi l’écriture est-elle un outil thérapeutique pendant une période difficile ?
Écrire nous permet de poser des mots sur des émotions parfois confuses ou envahissantes. Nombre de psychologues, comme ceux cités dans les recherches de James Pennebaker, ont démontré que la narration personnelle contribue à réduire le stress et à améliorer la santé mentale. Tenir un journal, rédiger des lettres non envoyées, ou raconter les événements marquants de sa vie permettent de « contenir » l’émotion, de lui donner une forme, un début et une fin.
Cela offre également une prise de distance. L’acte d’écrire transforme l’expérience intérieure en un récit extérieur, ce qui permet souvent d’y voir plus clair ou de ressentir un certain soulagement.
Comment commencer à écrire quand on va mal ?
Il est parfois difficile de trouver le bon angle ou le bon ton quand on est submergé par les émotions. Voici quelques pistes concrètes :
- Écrivez sans filtre : commencez par ce que vous ressentez, même si cela paraît confus ou incohérent. L’important est de libérer ce que vous portez en vous.
- Utilisez des déclencheurs : une vieille photo, une musique, un objet chargé de souvenirs peut faire émerger des images, des émotions ou des récits oubliés.
- Imposez-vous un cadre : consacrez dix à vingt minutes par jour à l’écriture. Ce rendez-vous avec vous-même peut devenir un rituel apaisant.
Pour approfondir cette démarche, notre article "Par quoi commencer quand on veut écrire sur ses souvenirs pour aller mieux" propose des méthodes simples et accessibles.
L’écriture pour reconnecter avec ses souvenirs positifs
Dans les périodes de doute ou de tristesse, écrire sur les souvenirs heureux permet de raviver les moments significatifs de joie que l’on peut avoir tendance à occulter. Ce processus aide à rééquilibrer la perception que l’on a de sa propre histoire : on n’est pas seulement ce que l’on traverse aujourd’hui, on est aussi la somme des émotions heureuses qu’on a vécues.
Cette orientation vers les souvenirs lumineux peut être facilitée par des projets comme le livre à compléter « Raconte-moi ton histoire », qui propose des questions guidées pour raviver ces instants marquants du passé.

Loin d’être un simple exercice de nostalgie, ce retour sur les beaux souvenirs est un véritable travail de reconstruction intérieure. Notre article "Éveiller les souvenirs heureux pour lutter contre la dépression et l’isolement" explore en détail ces bénéfices.
Transformer la douleur en histoire : écrire pour donner du sens
Dans bien des cas, ce qui rend une épreuve insupportable est le sentiment d’absurdité ou d’injustice qui l’entoure. Exprimer cette douleur, chercher ce qu’elle a modifié en nous ou dans notre façon de voir le monde, permet de réinscrire cette souffrance dans une trajectoire de vie. L’écriture devient alors un acte de mise en sens : cela ne supprime pas l’épreuve, mais cela aide à se réapproprier ce qu’on a vécu.
Les questions de transmission et de filiation peuvent jouer un rôle crucial dans cette démarche. Nommer ses douleurs, mais aussi les forces que l’on a héritées, aide à mieux se situer dans le temps et dans sa propre histoire familiale.

Écrire son histoire personnelle peut d’ailleurs devenir un projet à partager. Certains choisissent de le faire pour leurs enfants ou petits-enfants, afin de ne pas laisser s’éteindre les récits fondateurs. D’autres y voient une manière d'ouvrir des discussions profondes avec leurs proches. C’est ce que nous explorons dans cet article sur les discussions profondes.
Faire de l’écriture un lien avec ses proches
Une période difficile peut parfois nous couper des autres. L’écriture, paradoxalement, peut restaurer ces ponts. Raconter son histoire, évoquer ses souvenirs de famille ou ses racines, permet souvent de se reconnecter à ceux qui partagent cette mémoire collective.
C’est une démarche particulièrement bénéfique dans l’accompagnement de proches âgés ou malades. Inviter un parent ou un grand-parent à livrer ses souvenirs, en les notant ou en les enregistrant, peut renforcer le lien familial tout en soutenant leur santé psychologique. Nous approfondissons ce sujet dans cet article dédié à l’accompagnement.
Le livre « Raconte-moi ton histoire » a d’ailleurs été conçu dans cette perspective, avec des pages dédiées à l’arbre généalogique, aux souvenirs marquants et aux détails du quotidien qui font la richesse d’une vie. Sans pression, il offre un cadre rassurant pour faire émerger la parole et retrouver la fierté d’un parcours de vie.
Prendre soin de soi par l’écriture au fil du temps
L’un des principaux bénéfices de l’écriture dans les périodes difficiles est sa pérennité. Ce qui a d’abord été un exutoire peut devenir, avec le temps, une ressource précieuse. Relire ce que l’on a écrit permet de constater le chemin parcouru, l’évolution de ses émotions, la résilience qu’on a développée.
L’écriture ne résout pas tout. Mais elle soutient, éclaire, fait respirer. Elle peut nous aider à mieux comprendre ce qui a été vécu. Et, parfois, à transmettre ce savoir intime à ceux qui viendront après nous. Un récit de vie n’est pas seulement un retour sur le passé : c’est un acte d’amour envers soi et envers les autres.
Nous avons d’ailleurs consacré un article à l’impact des histoires de vie partagées sur le moral et la connexion sociale, pour ceux qui souhaitent approfondir cet effet de résonance collective.