
Quand la mémoire s'efface : pourquoi il est important d'agir
La perte de mémoire, surtout quand elle est liée à des maladies neurodégénératives comme Alzheimer, est l’un des bouleversements les plus délicats à vivre pour les familles. Peu à peu, ce sont des pans entiers de l’histoire d’une vie qui s’effacent, emportant avec eux des anecdotes, des émotions, des repères familiaux. Peut-on, doit-on, enregistrer ces souvenirs avant qu’ils ne disparaissent ? La réponse tient autant du cœur que de la raison.
Que risque-t-on à ne pas préserver les souvenirs ?
Les souvenirs personnels de nos aînés représentent un patrimoine immatériel inestimable. Ce sont des récits de guerre, de migration, d’amour, de traditions locales ou familiales. En ne les conservant pas, on perd des clés de compréhension sur notre propre identité. Enregistrer les souvenirs, c’est aussi lutter contre l’oubli collectif.
Ceux qui vivent ces situations difficiles le savent : les premières disparitions mnésiques sont souvent les souvenirs récents. Mais les souvenirs anciens restent accessibles plus longtemps. Cela fait d’ailleurs l’objet d’une réflexion dans notre article Pourquoi les souvenirs lointains restent-ils plus longtemps en cas d'Alzheimer. Cela donne une fenêtre d’opportunité pour capter ces récits du passé avant qu’ils ne s’éteignent.
Quels moyens pour enregistrer les souvenirs d’un proche ?
De nombreux formats sont envisageables pour recueillir les souvenirs d’un proche :
- Les enregistrements audio : ils permettent de conserver la voix, les rires, les silences. De simples applications sur smartphone suffisent.
- La vidéo : idéale pour garder les expressions, les gestes, l’interaction. Elle demande cependant une préparation technique et une certaine aisance du proche.
- L’écriture guidée : des supports comme les livres à remplir facilitent l’élan narratif et encouragent la mémoire.
Dans ce cadre, nous avons découvert un objet qui peut accompagner très naturellement cette démarche : le livre Raconte-moi ton histoire. Pensé pour collecter les souvenirs de vie à travers des questions guidées, il permet aux proches de prendre le temps de répondre, page après page, en toute autonomie ou accompagné.

Quand commencer à enregistrer les souvenirs ?
Il ne faut pas attendre les premiers signes de la maladie pour s’intéresser à l’histoire de ses proches. Toutefois, même quand les troubles de la mémoire sont déjà là, il est encore possible d’interagir, comme l’explique bien l'article Comment encourager un malade d’Alzheimer à se souvenir. Bien sûr, chaque situation est unique, mais souvent, ces moments de mémoire partagée apportent une grande valeur émotionnelle à la personne concernée.
Certains préfèrent commencer par de petites choses : l’histoire d’une photo, d’un objet, d’un plat. Ce sont autant de portes d’entrée vers des souvenirs plus profonds.
Créer une routine de transmission
Transformer l’enregistrement des souvenirs en moment de complicité est essentiel. Cela ne doit pas devenir une corvée ni ressembler à une « extraction » d’information. L’idée est plutôt de ritualiser ces moments – une fois par semaine autour d’un café, ou lors d’une promenade, ou encore sur un coin de table après un repas.
Entrer dans une logique de routine construit un sentiment de continuité chez le proche, souvent apaisant. Les supports comme Raconte-moi ton histoire permettent de suivre cette progression sans pression, car les questions couvrent tous les moments d’une vie, de l’enfance aux saisons plus récentes.
Que faire des souvenirs recueillis ?
Les souvenirs enregistrés ne sont pas que des archives. Ils peuvent vivre de nombreuses façons :
- Les transmettre aux petits-enfants pour qu’ils connaissent d’où ils viennent.
- Les offrir en cadeau, au format livre ou audio.
- Les réécouter, ensemble ou seul, pour recréer du lien émotionnel.
Certains vont encore plus loin en réalisant de véritables recueils biographiques en s’appuyant sur les paroles collectées. D’autres passent par des plateformes collaboratives comme Familium ou Famileo pour diffuser leur histoire au sein de la famille.
Les bienfaits émotionnels de cette démarche
Encourager un proche à raconter sa vie a un effet thérapeutique. Cela valorise son parcours, lui donne un rôle de passeur de mémoire, renforce son sentiment d’utilité. Pour les aidants ou les enfants, cela devient un moment de partage authentique, parfois même de révélation intime.
L’article Comment préserver l’histoire de sa famille quand un proche est malade évoque ces bienfaits émotionnels et offre des pistes pour aller plus loin.
Si l’on n’a pas commencé à temps
Il arrive parfois que la perte de mémoire soit déjà bien avancée. Dans ces cas-là, il n’est pas toujours possible de recueillir consciemment les souvenirs. Mais tout n’est pas perdu. La famille peut alors reconstituer l’histoire en croisant les récits d’autres proches, en collectant des photos, des lettres, des souvenirs d’enfance. Ce peut aussi être un point de départ pour un projet collectif.
Lire notre article Quelles sont les conversations utiles à avoir avant qu’un proche n’oublie peut permettre de planifier ces discussions clé à temps.
En conclusion : transmettre tant qu’il est encore temps
Enregistrer les souvenirs d’un proche qui perd la mémoire est une réponse humaine à une réalité médicale. C’est une façon simple de dire : « Ce que tu as vécu compte pour nous. » C’est aussi une manière de tisser du lien entre les générations, de perpétuer une culture familiale, de ne pas laisser se perdre ce qui fait le sel d’une vie.
Vous cherchez un support doux et bienveillant pour guider cette démarche ? Le livre Raconte-moi ton histoire peut être une belle surprise à offrir, à l’occasion d’un anniversaire, d’un moment marquant ou simplement pour dire que l’on tient à son histoire.