
Comprendre la perte d'identité chez un proche
La perte d'identité chez un proche est souvent le symptôme de maladies neurodégénératives comme Alzheimer, ou encore d'autres formes de démence. Ce phénomène va bien au-delà des simples oublis. Il s'agit d'altérations profondes de la personnalité, des souvenirs, et parfois même du lien à soi. Lorsque cette transformation se produit, les repères disparaissent peu à peu, autant pour la personne concernée que pour son entourage.
Cette perte d’identité peut être déroutante, douloureuse et créer un sentiment d’impuissance. Pourtant, comprendre ce processus est essentiel pour adapter son comportement et éviter les maladresses involontaires. Ce n’est jamais facile de reconnaître que son père, sa mère ou son grand-parent n’est plus tout à fait « lui-même ». Mais c’est aussi une opportunité d’aborder la relation autrement.
Écouter sans corriger : un moyen de préserver le lien
Lorsqu’un proche s’égare dans ses souvenirs ou tient des propos incohérents, la tentation est grande de le corriger, de le ramener à la « réalité ». Pourtant, cette attitude peut renforcer son sentiment d’isolement. Il est souvent plus bénéfique de se mettre au diapason de son monde intérieur, même si celui-ci est mouvant ou irrationnel.
Plutôt que de dire « Non, ce n’est pas comme ça que ça s’est passé », essayez de répondre par une question ouverte : « Tu te souviens souvent de ça en ce moment ? » Ce type d'interaction renforce la sensation d’être entendu et respecté, et permet de maintenir une qualité relationnelle, même lorsque les repères temporels ou personnels s'effacent.
Favoriser l’expression de souvenirs anciens
Lorsque la mémoire immédiate s’efface, la mémoire à long terme – et notamment les souvenirs anciens – reste souvent intacte plus longtemps. Ce sont des portes d’entrée précieuses pour renouer avec l’identité profonde de la personne. Lui poser des questions sur son enfance, ses traditions familiales ou ses passions permet de mieux la comprendre, et de lui offrir l’espace de redevenir pleinement qui elle est, malgré la maladie.
Dans cette optique, le livre Raconte-moi ton histoire peut être un support riche et apaisant. Ce livre à compléter propose des questions guidées qui invitent la personne à parler d’elle, à se remémorer des moments marquants de sa vie, que vous pouvez documenter ensemble. Dans les premiers stades de la maladie, il aide à ancrer les souvenirs. Par la suite, il peut aussi soutenir la famille qui cherche à préserver une trace authentique de la personne aimée.

Exprimer ses émotions, poser ses limites
Vivre à côté d’un proche qui perd son identité peut être émotionnellement épuisant. On se sent désorienté, triste, parfois en colère ou frustré. Exprimer ses émotions est crucial : parler avec un professionnel, rejoindre un groupe de soutien, ou simplement échanger en famille est un moyen de rester solide face à ces bouleversements.
En tant qu’aidant ou proche, il est aussi fondamental de poser ses propres limites. Il est parfaitement légitime de prendre du recul, de souffler, de s’autoriser des moments de légèreté. Aider quelqu'un ne signifie pas s’oublier soi-même.
Créer des environnements rassurants
Une personne en perte d’identité est souvent sujette à la confusion. Un cadre stable et familier est essentiel pour la rassurer. Maintenir des routines, afficher des photos, ou étiqueter certaines pièces de la maison sont des petits gestes du quotidien qui aident à recréer une sensation de contrôle. L’environnement devient un repère quand les repères intérieurs s'effacent.
Par exemple, conserver un livre comme Raconte-moi ton histoire à portée de main dans le salon ou dans la chambre peut aussi participer à cette stabilité. Le simple fait de pouvoir l’ouvrir, feuilleter des souvenirs ou le relire avec un proche peut devenir un rituel réconfortant.
Anticiper les conversations importantes
Si la personne est encore relativement lucide, il est important d’aborder certaines questions tant qu’il est encore temps. Il ne s’agit pas de parler de choses difficiles dans l’urgence, mais de prendre les devants sur des sujets profonds : ses volontés, ses souvenirs préférés, les transmissions qu’elle souhaite laisser. Ces échanges, parfois délicats, sont essentiels.
Pour vous guider dans ces discussions, vous pouvez lire aussi notre article : Quelles sont les conversations utiles à avoir avant qu’un proche n’oublie ?
Préserver et transmettre l’histoire familiale
Quand un proche perd sa mémoire, une partie précieuse de l’histoire familiale risque de disparaître avec lui. C’est pourquoi il est utile de consigner ces souvenirs tant qu’ils sont encore accessibles. En plus de soutenir la personne dans le maintien de ses repères, vous créez une mémoire collective pour les générations futures.
Des ressources comme cet article Comment préserver l’histoire de sa famille quand un proche est malade ? peuvent vous apporter des pistes pour agir dès aujourd’hui, sans pression mais avec engagement.
Accompagner sans chercher à réparer
Une chose fondamentale à intégrer : vous ne pouvez pas réparer ce qui se passe. Vous pouvez accompagner, soutenir, prendre soin, mais vous ne pouvez pas revenir en arrière. Accepter cette réalité permet souvent de s'apaiser, et d’entrer dans une relation plus sereine, même dans la confusion ou l’inconnu.
Être présent devient alors le geste le plus précieux. Lire ensemble, feuilleter des photos, écouter de la musique, ou simplement être là. Ces moments construisent une forme de relation différente, mais toujours riche de sens.
Ressources complémentaires pour aller plus loin
- Faut-il enregistrer les souvenirs d’un proche qui perd la mémoire ?
- Comment encourager un malade d’Alzheimer à se souvenir ?
- Est-ce que l'écriture peut aider une personne atteinte d'Alzheimer à se souvenir ?
Enfin, n’oubliez pas que traverser cette période difficile avec douceur et respect est la meilleure façon d’honorer l’identité de votre proche, même lorsqu’elle semble se diluer. Chaque petite attention, chaque souvenir raconté, chaque geste tendre contribue à maintenir un lien vivant avec ce qu'il ou elle a été, et reste encore quelque part au fond de lui.