Lorsque l’un de nos proches est diagnostiqué avec la maladie d’Alzheimer, une question revient souvent : comment l’aider, concrètement, à préserver ses repères ? La perte de mémoire, l’altération de l’orientation spatiale et temporelle, le brouillage des liens familiaux rendent le quotidien instable pour la personne atteinte. Il existe pourtant des gestes simples, des routines, des objets et des attitudes qui peuvent l’aider à rester ancrée malgré la progression de la maladie.

Mettre en place un environnement stable et prévisible
Les personnes atteintes d'Alzheimer sont très sensibles aux changements dans leur environnement. Un aménagement cohérent et rassurant permet de limiter les épisodes de confusion.
- Conserver les objets familiers : Évitez de changer le mobilier ou de modifier la disposition des objets courants. Une lampe, un fauteuil ou une photo placée depuis longtemps à un endroit précis devient un repère matériel et affectif.
- Créer un itinéraire visuel chez soi : Les repères visuels comme des affiches avec des mots simples ("salle de bain", "ma chambre") ou des photos peuvent guider la personne atteinte lors de déplacements dans la maison.
- Favoriser la stabilité des routines : Les routines rassurent. Les repas, les sorties ou les heures de sommeil doivent suivre un rythme identifiable. Des aide-mémoires visuels (agenda effaçable, calendrier mural) peuvent soutenir cette constance.
Stimuler la mémoire affective pour maintenir les connexions
Si la mémoire récente s’efface, la mémoire affective, elle, peut rester vivace pendant longtemps. C’est dans cette dimension qu’il est possible de tisser et maintenir une forme de relation durable avec la personne malade.
Les musiques, les odeurs, les photos anciennes ou les objets ayant une valeur émotionnelle peuvent réveiller des souvenirs profonds. Leur contact régulier peut nourrir un sentiment de continuité et renforcer les repères intérieurs. Pour explorer ce sujet plus en profondeur, voyez notre publication dédiée : Faut-il continuer à raconter des souvenirs à un proche malade ?
Dans cette logique, certains proches transmettent un carnet dans lequel la personne atteinte peut partager des fragments de son passé. Le livre “Raconte-moi ton histoire” fonctionne comme un fil tendu entre les générations : son format à questions guidées permet de raviver, petit à petit, les souvenirs marquants d'une vie en douceur et sans stress.

Miser sur une communication simple et chaleureuse
Les échanges avec une personne atteinte de troubles cognitifs demandent patience et adaptation. Le dialogue reste un de leurs plus précieux repères, à condition d’être conduit avec bienveillance.
- Privilégiez les phrases courtes et simples, et adoptez un débit lent.
- Utilisez le non verbal : un regard direct, un sourire, la tonalité calme de la voix transmettent davantage de clarté et de confiance que les phrases complexes.
- Laissez-lui le temps de répondre. L’attente n’est pas un silence vide : c’est un espace pour que la pensée se pose.
Des approches validées par des professionnels comme celle de l’éducation Montessori adaptée aux personnes âgées (notamment promue par l’association AG&D) valorisent une communication centrée sur les capacités préservées, et non sur les pertes.
Entretenir des moments de complicité au quotidien
Il est essentiel de continuer à créer des moments positifs. Même si la personne ne se souvient pas toujours de l'activité une fois terminée, elle peut en garder une trace émotionnelle bénéfique.
Les balades dans un parc familier, les jeux simples, les albums photo, ou même cuisiner ensemble un plat d'enfance sont autant d'occasions de partager une forme de bonheur ensemble. Vous trouverez d’autres suggestions dans ce guide : Comment créer des moments complices avec un grand-parent atteint d’Alzheimer.
Ce sont ces moments d’attention qui reconstruisent des repères, même fugaces, mais essentiels pour la dignité et le bien-être de la personne malade.
Soutenir l'identité et la continuité de soi
L’une des expériences les plus déstabilisantes liées à Alzheimer est la perte de son identité. Aider votre proche à rester aligné avec ce qu’il a été passe aussi par la valorisation de son histoire et la reconnaissance de ce qu’il continue à être, malgré la maladie.
L’écriture, les discussions autour d’un souvenir précis, l’écoute attentive de ce qu’il raconte sont des moyens précieux de nourrir cette continuité de soi. Des projets intergénérationnels tels que la rédaction collective d’un arbre généalogique ou le partage de récits de famille permettent également à la personne de se situer, d’exister pleinement dans la trame familiale. Pour aller plus loin : Quels sont les bons gestes pour accompagner la perte de mémoire ?
Ne pas rester seul face à la maladie
Accompagner un proche malade c’est aussi veiller à ne pas s’isoler. De nombreuses associations locales ou en ligne (comme France Alzheimer) proposent des groupes de parole et des ressources concrètes aux aidants. Parler, demander de l’aide, se relayer, déléguer parfois sont des choix de soin – pour son proche mais aussi pour soi-même.
Gardez à l’esprit que la maladie d’Alzheimer ne détruit pas toutes les capacités d’un coup. Elle évolue parfois lentement. Chaque petit geste pour garder un cadre affectif, chaque échange bienveillant, chaque souvenir ravivé, est un repère que vous installez – peut-être discrètement, mais profondément.
Pour continuer votre lecture, nous vous recommandons aussi cet article : À quoi ressemble le quotidien d’une personne atteinte d’Alzheimer ?
Conclusion
Aider un proche à garder ses repères malgré l’Alzheimer, c’est lui offrir une forme de stabilité dans l’incertitude. C’est respecter son rythme tout en lui tendant la main gentiment, avec constance. En favorisant un cadre stable, en réactivant ses souvenirs affectifs, en communiquant avec douceur et en mettant du sens dans les instants partagés, nous lui laissons quelque chose d’essentiel : le sentiment d’exister encore, aux yeux de ceux qui l’aiment.
Et si vous cherchez un outil discret mais plein de profondeur pour entretenir cette mémoire de vie, le livre “Raconte-moi ton histoire” a été pensé dans cette optique : permettre de consigner des fragments d’un passé riche, pour mieux soutenir le présent.