Reconstruire sa vie après la maladie : comment transmettre son témoignage

Livre Raconte-moi ton histoire sur un lit avec un stylo à côté

Pourquoi partager son histoire après la maladie ?

La maladie bouleverse l’existence, mais elle peut aussi être l’occasion de redéfinir sa relation au monde. Au cœur du processus de reconstruction, une envie émerge fréquemment : celle de transmettre ce que l’on a vécu. Non seulement pour léguer une trace, mais aussi pour aider d’autres à comprendre, soutenir, et parfois même guérir. Raconter son histoire permet de remettre du sens sur une épreuve souvent marquée par l’incertitude. C'est un acte de résilience, mais aussi de partage.

Transmettre son témoignage après une maladie grave, c’est aussi laisser à sa famille un héritage émotionnel. Une manière de répondre aux questions silencieuses : comment ai-je surmonté cela ? Qu’ai-je appris ? Que puis-je vous dire de la vie maintenant que je l’ai regardée autrement ?

Il existe aujourd’hui de nombreuses ressources guidant les personnes dans cette démarche, dont certaines très concrètes comme les carnets de vie ou le livre Raconte-moi ton histoire, un ouvrage conçu pour être complété à son rythme, à partir de questions bienveillantes et structurantes.

Écrire pour se reconstruire intérieurement

L’écriture a prouvé son pouvoir thérapeutique. Selon plusieurs études, écrire sur soi aide à traiter les émotions refoulées, à diminuer le stress et à construire une narration plus cohérente de son existence. Dans cet article, nous avons exploré ce rôle essentiel de l'écriture dans l’acceptation de la maladie.

Après une longue période de soins, écrire constitue souvent l’un des premiers espaces dans lesquels une personne peut retrouver une forme de contrôle. Rédiger quelques lignes chaque jour ou répondre à des questions guidées permet d’ordonner ses pensées, de valoriser son parcours, et de reprendre contact avec ses désirs profonds.

Si vous ne savez pas comment commencer, il est utile de s'appuyer sur des outils concrets. Le livre Raconte-moi ton histoire propose par exemple des dizaines de questions qui permettent de réfléchir à son passé, mais aussi à ses espoirs pour l’avenir. Cela peut devenir un rituel bénéfique, même simplement quinze minutes par semaine.

Inclure ses proches dans la transmission

Il n’est pas toujours facile de parler de sa maladie aux membres de sa famille, en particulier aux plus jeunes. Pourtant, beaucoup de survivants affirment qu’échanger avec leurs enfants ou petits-enfants a permis d’approfondir leur relation. Cela humanise le parent ou le grand-parent, qui n’est plus seulement vu comme le « fort », mais aussi comme un être sensible, avec ses fragilités surmontées.

Des guides peuvent vous aider à gérer ces conversations. Dans cet article, nous vous donnons des pistes concrètes pour aborder vos souvenirs de maladie avec vos enfants ou petits-enfants.

Partagez de manière progressive et adaptée à l’âge de l'auditoire. Vous pouvez par exemple choisir un moment calme, utiliser des métaphores pour les plus jeunes. Certains préfèrent écrire une lettre, ou encore compléter ensemble un ouvrage biographique comme Raconte-moi ton histoire pour susciter la discussion différemment.

Livre ouvert à la page d’un arbre généalogique

Les formes possibles de transmission de son témoignage

Il n’existe pas une seule bonne manière de transmettre son vécu. Chaque personne possède son style, ses envies et surtout ses ressources. Voici quelques approches :

  • Tenir un journal personnel : utile pour soi, mais aussi à léguer plus tard.
  • Écrire une lettre ouverte à ses enfants, petits-enfants, amis.
  • Compléter un support guidé, comme un livre biographique permettant le partage structuré de son expérience.
  • Faire un enregistrement audio ou vidéo pour donner un aspect vivant et incarné à son récit.
  • Créer un projet artistique (photographie, peinture, collage, etc.) dont le thème serait son processus de guérison.

Évidemment, ces formes peuvent se nourrir les unes des autres. L’essentiel demeure d’avoir un lieu d’expression sincère, à partager ou à garder pour soi.

Comment trouver les mots justes pour raconter ?

Le principal frein reste pour beaucoup la peur de ne pas savoir formuler. Que dire ? Comment éviter de raviver des douleurs ? Faut-il tout raconter ?

Ces interrogations sont légitimes. Nous avons consacré un article complet à la recherche des mots justes pour raconter un combat contre la maladie. Il ne s’agit pas de tout dire, mais de choisir ce qui mérite d’être confié, avec ses silences aussi. L’honnêteté prime sur l’exhaustivité. L’émotion prime sur la perfection.

Les supports guidés sont, là encore, d’un précieux recours. Les questions ouvertes du livre Raconte-moi ton histoire sont pensées pour accompagner sans brusquer, pour activer la mémoire sans forcer les larmes. Par exemple : « Quel a été le moment où tu t’es senti.e le plus entouré.e ? », ou encore « De quoi es-tu le plus fier.e aujourd’hui ? ».

Un témoignage peut-il aider les autres ?

La réponse est oui. Offrir son témoignage, c’est tendre la main à d’autres qui traversent ce que vous avez traversé. Cela brise la solitude. Cela montre que le rétablissement est possible, même s’il n’est pas toujours parfait. Partager son histoire de vie, c’est aussi une forme d’engagement solidaire.

Des associations comme Cancer Contribution ou Vivre avec le cancer encouragent d’ailleurs activement la diffusion des expériences de patients sous forme de récits. Votre histoire peut nourrir un blog, un podcast, un recueil collectif. Mais elle peut aussi rester dans une sphère intime, transmise à vos enfants par le biais d’un objet soigneusement complété.

Enfin, si vous souhaitez initier un dialogue autour de la maladie avec un proche en souffrance, nous avons listé ici les questions essentielles à poser à un proche qui affronte la maladie.

Conclusion : transmettre comme acte de réparation

Reconstruire sa vie après la maladie passe souvent par le fait de raconter. Non pas pour se plaindre ou revivre la douleur, mais pour en faire quelque chose. Celui ou celle qui écrit, partage, transmet, donne un sens nouveau à son récit de souffrance. Et en se racontant, on continue de vivre. On offre une part de soi, avec toute la force de sa vulnérabilité.

Si vous ne savez pas par où commencer, si la page blanche vous intimide, sachez que vous n’êtes pas seul. Le parcours est long, mais les outils existent. Le témoignage mérite d’être préservé. Ne serait-ce que pour ceux et celles que vous aimez.