Le pardon est un acte profondément humain, souvent associé à la réparation de relations abîmées. Pourtant, s'il peut paraître difficile de pardonner à autrui, il est parfois encore plus délicat de se pardonner à soi-même. Pourquoi cette différence ? Qu'est-ce qui rend cette forme de pardon si pénible, si longue, parfois même inaccessible ? Cet article explore les pistes psychologiques, culturelles et émotionnelles qui sous-tendent cette difficulté intime, en s'appuyant sur des réflexions concrètes autour de la mémoire, de la narration personnelle et du besoin profond de réconciliation intérieure.
Les mécanismes du pardon envers soi-même
Se pardonner soi-même n’est pas un acte isolé, mais un processus. Il suppose d'abord une prise de conscience, puis une acceptation de sa propre responsabilité, et enfin une décision délibérée d’arrêter de s’autopunir. Ce chemin, bien que logique, est souvent entravé par des émotions contradictoires : honte, culpabilité, regret, tristesse ou peur d'être jugé. Quand on fait du tort à quelqu'un, on peut toujours espérer qu’un jour cette personne nous absout. En revanche, dans le cadre du pardon personnel, on est à la fois le juge et le coupable. Ce double rôle rend le processus bien plus complexe.
Cette tension interne s’amplifie souvent dans le silence. Le fait de ne pas exprimer, de ne pas verbaliser, renforce le poids de la faute ressentie. C’est là qu’intervient un outil aussi simple qu’utile : l’écriture de son histoire. En extériorisant ses émotions, en organisant ses souvenirs, en les inscrivant dans un récit global, on parvient progressivement à remettre ses actes dans un contexte, ce qui facilite le relâchement psychologique de la faute. Le livre à compléter “Raconte-moi ton histoire” est un exemple concret d’objet qui accompagne cette démarche introspective avec bienveillance.

L’impact de la mémoire émotionnelle et du récit personnel
Une raison clé pour laquelle il est si compliqué de se pardonner vient du fonctionnement de la mémoire émotionnelle. Contrairement aux souvenirs factuels, les souvenirs émotionnels sont souvent moins linéaires et plus persistants. Après un événement marquant, le souvenir de l'émotion que nous avons ressentie (la honte, par exemple) peut rester imprimé, même si les faits eux-mêmes s'estompent. Se pardonner implique donc de revenir sur ces émotions, de les comprendre, voire de les revivre.
Créer un récit de vie — même intérieur — permet d’agir justement sur ces mémoires émotionnelles. Cela donne du sens au passé, et transmet une cohérence à nos choix. Le fait de se raconter à soi-même ou à un proche devient une forme d'auto-soutien. Comme l’explique notre article sur comment le fait de raconter son histoire aide à pardonner, la narration permet de revisiter et reconfigurer les événements douloureux avec du recul.
Les injonctions culturelles et morales à ne pas faillir
Notre difficulté à nous accorder le pardon est renforcée par certaines normes socioculturelles. Être fort, ne pas faire d’erreurs, être à la hauteur des attentes... Ces idées, souvent intégrées dès l’enfance, laissent peu de place à l'erreur humaine. Ainsi, admettre une faute devient en soi un aveu d'échec inadmissible. Cela entraîne une autocritique excessive, un jugement intérieur sévère, et une impossibilité à envisager un pardon que l’on croit ne pas mériter.
S'offrir le droit à l'imperfection est pourtant une étape nécessaire vers la résilience. Dans cet optique, travailler sur la transmission de notre histoire familiale — avec ses complexités et ses ambivalences — permet parfois de mieux comprendre d'où viennent ces injonctions. C’est l’un des ressorts touchants que propose le livre Raconte-moi ton histoire : à travers des pages à compléter, il encourage à relier les expériences personnelles aux grandes dynamiques familiales, souvent ancrées sur plusieurs générations.

Le poids du non-dits et l’importance de la verbalisation
Se pardonner requiert souvent de sortir du silence. Beaucoup de souffrances trouvent leur origine dans des souvenirs enfouis, des dialogues jamais entamés, des confessionnements jamais formulés. Paradoxalement, le fait de ne pas parler d’un événement douloureux lui donne une force plus grande dans notre inconscient. C’est pourquoi ouvrir une discussion avec un proche peut marquer une étape de guérison importante. Notre article Comment aborder le sujet du pardon dans une discussion avec un proche explore cette dimension délicate avec des conseils concrets.
Quand on n’arrive pas à verbaliser, écrire reste un refuge puissant. Et cette écriture ne doit pas nécessairement être partagée, ni parfaite. Un carnet personnel, quelques lignes griffonnées, ou encore un cadre de réponse comme celui proposé par certains livres-guides peut aider à libérer ce qui pesait. C’est une manière indirecte et sécurisante de poser les premières briques du pardon intérieur.
Le pardon ne signifie pas oublier
Enfin, il est essentiel de rappeler que se pardonner ne veut pas dire occulter ce qui s’est passé. Cela signifie plutôt reconnaître que l’on est plus qu’un instant maladroit, plus qu’un mauvais choix. Le pardon personnel n'efface pas les faits, mais il en atténue le poids identitaire. On ne se définit plus uniquement par ses erreurs. C’est aussi une manière d'avancer, de se libérer du passé pour ne plus en être prisonnier.
Notre article Pardon et mémoire : comment garder les bons souvenirs sans la douleur explore l’équilibre fragile entre mémoire et bien-être. Pardonner à soi-même, c’est composer avec la mémoire, et choisir volontairement d’y intégrer douceur et bienveillance.
Un geste de transmission : se raconter pour se réconcilier
La plupart d’entre nous évoluent dans des vies rapides, remplies, où peu de place est laissée à la réflexion personnelle. Pourtant, offrir ou s’offrir un espace pour poser des mots, des souvenirs, des émotions, même les plus inconfortables, est un acte de soin. C’est exactement ce que permettent certains objets pensés pour la mémoire familiale et personnelle. Le livre Raconte-moi ton histoire, souvent offert à l'occasion d'un anniversaire ou comme cadeau de Noël, est de ceux-là. Derrière son apparence simple, il offre une structure douce pour entamer un récit personnel apaisant.
Son usage n’est pas toujours direct. Certaines personnes commencent à le compléter plusieurs semaines, voire mois, après l’avoir reçu. Parfois même, le simple fait de l’avoir dans son environnement agit comme une invitation discrète à parler, à évoquer ce qui reste en suspens. C’est à la fois un geste de mémoire et un chemin vers la paix intérieure.
Et non, on ne pardonne pas toujours tout, ni en famille, ni à soi-même. Mais commencer à raconter, c’est déjà commencer à apprendre à se regarder avec indulgence. Comme le développe notre article Faut-il tout pardonner en famille ?, cette question demande du discernement. Mais dans tous les cas, elle mérite d’être posée avec le cœur.