Le pardon est souvent présenté comme une libération, une étape nécessaire pour avancer, mais jamais facile à franchir. Il implique de revisiter des douleurs passées, de comprendre des erreurs, et parfois de faire la paix avec soi-même avant de pouvoir la faire avec les autres. Pourtant, un outil simple, à portée de chacun, peut favoriser ce processus : le récit de soi. Ce n’est pas un hasard si la thérapie narrative gagne du terrain, ni si les livres à compléter comme "Raconte-moi ton histoire" rencontrent un tel écho dans nos familles.

Pourquoi raconter son histoire permet de prendre du recul sur les blessures
La mémoire est un mécanisme complexe, malléable, influencé par les émotions. Lorsque nous racontons notre histoire à voix haute ou par écrit, nous construisons un récit. Cette narration, en elle-même, nécessite une mise en ordre des événements, une sélection, une hiérarchisation. Ce processus permet souvent de sortir d'une position de victime figée, pour retrouver une forme d'agentivité — le sentiment que l’on a, en partie, agi, choisi, réagi.
En retraçant les faits, un espace intérieur s’ouvre pour reconnaître les zones grises, les maladresses, les incompréhensions. Ainsi, rendre explicite ce qui fut autrefois un magma émotionnel peut donner naissance à une forme de compassion – non seulement envers l’autre, mais aussi envers soi-même.
Raconter, c’est se réapproprier son vécu
Dans bien des cas, les événements qui nécessitent un pardon nous donnent l’impression d’avoir été dépossédés de notre récit. Les non-dits, les trahisons, les injustices créent des carences de sens. En prenant le temps d’écrire ou de transmettre oralement son histoire personnelle, on redonne du sens à ce qui en semblait dépourvu. On restaure une chronologie, un fil conducteur. Et surtout, on redonne une voix à celui ou celle que nous étions lorsqu’un événement douloureux s’est produit.
Ce processus est particulièrement libérateur dans un contexte familial, où les souvenirs s’entrechoquent, s’effacent ou se contredisent. Le livre à compléter "Raconte-moi ton histoire", par exemple, invite les proches à raconter leur vie avec des questions guidées. Une manière douce mais structurée de revisiter les étapes importantes de leur parcours, souvent pour la première fois.
Le récit de soi, un chemin vers l’acceptation
Le pardon demande du temps, car il exige une acceptation de ce qui a été – même quand on ne l’approuve pas. En racontant son histoire, on peut comprendre que la personne que l’on était à un moment donné a agi avec les ressources, la compréhension et les blessures de l’époque. Cette reconnaissance favorise l’indulgence. Elle atténue parfois la colère, ou la transforme en tristesse, en nostalgie, voire en tendresse.
De fait, raconter ne signifie pas justifier, ni excuser, mais peut simplement permettre d’élargir notre regard. À ce titre, cet autre article du blog explore très bien la question de la distinction entre pardon et réconciliation. Car parfois, raconter son histoire aide à pardonner, sans nécessairement renouer les liens.
Pardonner en famille : l’écho du récit à travers les générations
Le récit ne s’exerce pas seulement pour soi. Il peut être partagé, offert en héritage, et ouvrir des échanges intergénérationnels. Dans de nombreuses familles, certaines blessures restent en suspens pendant des décennies parce qu’elles n’ont jamais été racontées. Or, mettre des mots sur l’histoire familiale permet souvent de désamorcer les conflits latents, les jugements silencieux, ou les incompréhensions tenaces.
Lorsque mamie raconte son enfance difficile, ou que papa se livre sur un désaccord ancien avec son propre père, cela recontextualise les tensions qui semblent parfois déconnectées de leur origine. C’est ce que certains découvrent en feuilletant les pages de "Raconte-moi ton histoire" avec un proche, en découvrant que derrière la rudesse se cache souvent une histoire marquée par l’absence, le devoir ou la peur.

Le pardon s’écrit parfois, avant même de se dire
L’écriture intime, comme le journal personnel ou les réponses à des questions profondes, permet aussi de formuler le pardon dans un espace sécurisé. Il ne s’agit pas nécessairement de transmettre ce récit, mais simplement de laisser affleurer ce qui est en soi. Les mots posés sur le papier ont cette capacité étonnante de déplacer la douleur, de la transformer – même quand personne ne les lit.
À ce sujet, notre article sur le pardon dans les relations familiales explore les tensions spécifiques à ces dynamiques affectives, où il est parfois plus difficile de dire que de penser. Parfois, la narration silencieuse suffit à enclencher un début de guérison.
Comment débuter ce processus sans se brusquer
Il peut sembler intimidant de se plonger dans ses souvenirs, surtout lorsque ceux-ci sont fragiles ou douloureux. Un bon point de départ est de commencer par des souvenirs heureux ou anecdotiques, pour apprivoiser l’exercice. Au fil du temps, des souvenirs plus sensibles peuvent surgir naturellement.
Les supports guidés comme "Raconte-moi ton histoire" proposent un cadre rassurant, avec des questions équilibrées entre légèreté et profondeur. Ce type de structure évite que le récit ne se fige sur une période douloureuse, tout en autorisant une expression sincère.
Pour aller plus loin dans cette démarche, consultez également notre article : Pardon et mémoire : comment garder les bons souvenirs sans la douleur. Il propose des pistes pour entretenir des souvenirs positifs même au sein d’histoires complexes.
Conclusion : se raconter pour se libérer
Raconter son histoire est un acte intime et courageux, mais aussi profondément libérateur. Il ne s’agit pas forcément de produire une œuvre cohérente ou linéaire, mais simplement de renouer avec celui ou celle que l’on a été. Ce cheminement permet au pardon de trouver sa place, parfois discrètement, parfois au détour d’une anecdote qui, soudain, éclaire autrement l’histoire vécue.
Et parfois, en entendant un proche raconter son passé, ce sont nos propres fardeaux qui s’allègent un peu. Parce que derrière chaque silence, chaque distance, il y a souvent une histoire qui n’a pas encore été racontée.
Si cette démarche vous intéresse, et que vous souhaitez encourager vos proches à raconter leur vie, un outil comme "Raconte-moi ton histoire" peut être une belle manière de commencer — sans pression, dans l’intimité d’un carnet, une page après l’autre.
Pour approfondir, découvrez aussi : Pardonner une trahison : est-ce possible avec le temps ? ou Comment aborder le sujet du pardon dans une discussion avec un proche.