Lorsque l’on commence à remarquer que sa mère oublie des choses de plus en plus fréquemment — un rendez-vous, une conversation tenue la veille, le nom d’un voisin pourtant proche — une inquiétude légitime s’installe. Ces pertes de mémoire récentes peuvent être anodines, liées à la fatigue, au stress ou à l’âge. Mais elles peuvent aussi devenir le signe annonciateur de troubles cognitifs plus sérieux.
Reconnaître les premiers signes d’un trouble de la mémoire chez un parent
Les pertes de mémoire récentes peuvent s’exprimer de différentes manières : répétition des mêmes questions, oubli des dates, difficulté à suivre un récit ou une discussion. Si ces oublis deviennent fréquents et affectent la vie quotidienne de votre mère, il est essentiel de prêter attention à leur évolution.
Certains signes d'alerte sont bien documentés et peuvent vous aider à cerner l’enjeu. Par exemple, la difficulté à suivre une conversation ou encore le ralentissement de l’élocution peuvent indiquer un début de pathologie neurologique.
Il est crucial de distinguer ce qui fait partie du vieillissement naturel de ce qui pourrait être pathologique. L'aide d’un professionnel de santé est dans tous les cas le meilleur recours pour poser un diagnostic juste.
Quand consulter un professionnel ?
Si votre mère oublie occasionnellement des choses mais demeure capable de gérer son quotidien, nul besoin de paniquer. En revanche, lorsque les oublis interfèrent régulièrement avec ses activités habituelles, une consultation s’impose. Médecin généraliste, neurologue ou gériatre sont les interlocuteurs privilégiés.
Lors de la consultation, il est utile de venir avec des exemples concrets de situations d’oubli, leur fréquence, l’impact sur la vie quotidienne et tout autre changement comportemental observé. Les changements d’humeur, la désorientation ou une attitude inhabituellement confuse sont aussi des indicateurs importants.
Le médecin pourra alors proposer des examens cognitifs simples ou orienter vers un bilan plus approfondi dans un centre mémoire.
Comment accompagner sa mère au quotidien face aux pertes de mémoire récentes ?
Le soutien émotionnel et pratique est fondamental. Voici quelques pistes concrètes :
- Créer des routines simples et régulières pour favoriser les repères.
- Mettre en place des rappels, des post-its visibles, un agenda papier ou électronique partagé.
- Encourager les activités stimulantes : jeux de mémoire, lecture, jardinage, discussions régulières avec les proches.
- Faire preuve de patience et d’écoute, même lorsque les répétitions deviennent pesantes.
Favoriser les échanges autour de son histoire personnelle peut aussi aider à préserver l’identité, les souvenirs encore présents et recréer des liens. Dans ce cadre, un outil comme le livre "Raconte-moi ton histoire", à compléter avec elle, constitue une occasion précieuse de transmission intergénérationnelle et peut raviver des souvenirs d’une manière douce et non intrusive.

Ce livre propose des questions-guides qui invitent la personne à se souvenir de moments fondateurs de sa vie. Ce ne sont pas les souvenirs récents que l’on mobilise, mais ceux de l’enfance, des jeunes années ou de la parentalité — bien souvent mieux préservés. Cela peut devenir une activité régulière, agréable et profondément touchante.
Dois-je redouter la maladie d’Alzheimer ?
Le mot "Alzheimer" surgit rapidement lorsque l'on est confronté à des pertes de mémoire chez un proche. C’est légitime, mais il faut garder en tête qu’il existe de nombreux types de troubles cognitifs. Parfois, les problèmes sont réversibles (petite dépression, carence en vitamine B12, effets secondaires d’un médicament...)
Toutefois, il est aussi important de rester informé sur la maladie d’Alzheimer, qui représente une cause fréquente de déclin cognitif chez les personnes âgées. Vous pouvez consulter des articles spécifiques sur le sujet comme celui qui traite des signes précoces d’Alzheimer.
Un diagnostic précoce, même si difficile à entendre, permet d’anticiper les ajustements nécessaires, d’aménager le domicile, de mettre en place un soutien médico-social et de préserver le plus longtemps possible l’autonomie de votre proche.
Créer un lien malgré la perte de mémoire
Lorsque les souvenirs proches s’effacent, il faut souvent redoubler d’inventivité pour maintenir le dialogue. Se reconnecter sur le terrain de la mémoire ancienne est souvent plus efficace. Une musique, une photo, une odeur peuvent faire resurgir des souvenirs précieux.
Travailler ensemble à reconstituer l’histoire de vie peut se révéler une expérience très enrichissante. Cela peut aussi faciliter une meilleure compréhension des valeurs, des choix marquants ou des événements fondateurs de sa personnalité.

Pour ceux qui s’interrogent sur comment garder un lien fort avec un parent qui commence à oublier, le fait de lui proposer de raconter son passé au fil des pages peut faire sens. Ce n’est pas un exercice thérapeutique mais un geste d’amour, une reconnaissance de tout ce qu’elle a vécu et qu’elle souhaite transmettre.
Envisager l’avenir avec bienveillance
Il arrive que l’on veuille tout contrôler ou protéger à l’excès. Pourtant, accompagner une mère qui commence à perdre la mémoire implique avant tout de l’écouter, de respecter ses rythmes, de valoriser ses capacités restantes plutôt que de pointer ses pertes.
Anticiper avec elle les prochaines étapes permet aussi de conserver une forme de sérénité. Discuter des préférences de vie, de l’organisation du domicile ou d’un éventuel soutien extérieur permet d’aborder ces sujets sensibles en douceur.
Et surtout, rappelons-nous que, même si la mémoire immédiate défaille, l’amour, lui, demeure souvent intact.
Pour approfondir la compréhension des signaux à observer, n’hésitez pas à lire notre article sur la perte des repères géographiques chez les personnes âgées.