Après une épreuve médicale difficile, qu’il s’agisse d’un accident, d’un traitement lourd ou d’une maladie chronique, nous ne ressortons jamais indemnes. Ces événements laissent des marques physiques, mais aussi et surtout émotionnelles. Se reconstruire, retrouver un sens à sa vie, renouer avec soi-même sont des processus lents et personnels. Au cœur de cette reconstruction, les souvenirs jouent un rôle étonnamment puissant, souvent sous-estimé.

Comment les souvenirs aident à retrouver une continuité de soi après la maladie
La maladie interrompt brutalement le fil de la vie quotidienne. Elle impose un arrêt, une rupture, une fracture. Dans ces moments, la mémoire devient un outil précieux. Se replonger dans ses souvenirs permet de retrouver un sentiment de continuité. Souvenirs d’enfance, d’expériences professionnelles ou familiales, ils nous rappellent qui nous étions avant l’épreuve, et ce que nous portons toujours en nous.
Ce mécanisme est reconnu par certains thérapeutes qui utilisent des approches narratives pour accompagner les malades dans leur parcours. En retraçant leur histoire, les personnes peuvent réintégrer ce qu’elles ont vécu comme une partie de leur identité, plutôt qu’un accident isolé. Cela leur redonne du pouvoir sur leur récit personnel.
Faire la paix avec son passé médical en racontant son histoire est une démarche bénéfique que de plus en plus de malades choisissent aujourd’hui, parfois accompagnés de leurs proches.
Transmettre ses souvenirs pour retrouver une place dans sa famille
La maladie peut aussi isoler. Les rôles familiaux se déséquilibrent, la communication peut devenir difficile et les proches, par pudeur ou par peur, ne savent plus toujours comment accompagner la personne malade. Dans ces situations, la transmission de souvenirs devient un pont. Elle permet de rétablir le lien, en montrant à ses enfants, petits-enfants ou à ses amis de toujours ce qui constitue notre parcours de vie.
Partager un souvenir, c’est s’offrir vulnérable, mais c’est aussi tisser des liens profonds. C’est dire à l’autre : « Je veux que tu gardes une trace de mon histoire. ». Ce geste simple change le regard porté sur la personne convalescente, en la replaçant au centre de la mémoire familiale.
C’est dans cette démarche que certains font la découverte de Raconte-moi ton histoire, un livre à compléter, pensé pour aider à collecter ces souvenirs, en douceur, grâce à des questions guidées. Offert en cadeau, il devient souvent un outil de transmission au sein des familles.

Les bienfaits thérapeutiques de l’écriture du souvenir
Écrire ses souvenirs, même sans intention littéraire, a des effets positifs prouvés sur la santé mentale. Cette pratique aide à réduire l’anxiété, favorise la gestion du stress post-traumatique et améliore la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques ou en rémission.
D’après certaines études publiées dans la revue The Journal of Health Psychology, l’écriture expressive permet d’organiser ses pensées, de donner du sens à des événements chaotiques et de renforcer l’estime de soi. C’est une manière de se réapproprier sa vie.
Que l’on écrive pour soi-même, pour ses proches ou en vue d’une transmission, ce geste constitue une forme de thérapie accessible, douce et profondément humaine. Il change notre regard sur l'épreuve traversée et sur notre propre résilience.
Ce processus est exploré dans cet article connexe : Valoriser le vécu d’une personne ayant traversé la maladie grâce à l’écriture.
Donner un sens à l’épreuve vécue : le rôle de la mémoire dans la résilience
Pour beaucoup, la maladie déclenche une crise existentielle. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ? Ces questions peuvent être paralysantes si elles restent sans réponse. Toutefois, évoquer ses souvenirs personnels, revisiter les épisodes marquants de sa vie permet souvent de dégager un sens aux événements.
Cette approche, très utilisée en logothérapie (thérapie fondée sur la recherche de sens), aide à se reconstruire sur des bases plus solides. Car tout ce qui est raconté, intégré, mis en mots peut être transformé. Et chaque expérience de résilience commence par une histoire qu’on accepte d’assumer.
Lire l'article complémentaire : Pourquoi la transmission de souvenirs aide à mieux surmonter la maladie.
Créer un espace sécurisant pour partager en famille
Partager ses souvenirs après une maladie peut toutefois être source d’appréhension. Peur de déranger, de raviver la douleur, de ne pas être compris. Pourtant, il suffit parfois d’ouvrir un espace de parole, une forme de rituel, pour permettre cette expression.
Ce moment peut prendre des formes variées : une conversation autour d’un album photo, la lecture de lettres anciennes, ou encore le remplissage d’un carnet de vie. Ce dernier format est souvent apprécié pour sa facilité d’usage et parce qu’il guide les personnes pas à pas, en leur posant des questions adaptées sur leur parcours.
Ce cadre est particulièrement précieux dans les familles où la parole a pu être difficile pendant la maladie. Il permet une forme de réparation douce et durable, comme l’explique plus en détail cet article : Comment un proche malade peut partager ses émotions sans tabou.
Un souvenir à transmettre, un héritage à construire
Enfin, au-delà de soi, consigner ses souvenirs ouvre une porte vers les générations futures. Offrir cette mémoire, c’est livrer une part de ce que l’on a traversé, mais aussi de ce que l’on a réussi. Car survivre, c’est déjà témoigner. Et dans le cadre familial, cela peut devenir un véritable héritage affectif et symbolique.
De nombreux aidants, enfants ou conjoints de personnes ayant vécu une maladie, cherchent des moyens pour garder une trace de cette période souvent silencieuse. Le projet collectif autour d’un carnet comme Raconte-moi ton histoire devient alors un moyen de rassembler, d’échanger et de pérenniser des souvenirs précieux.
Pour aller plus loin sur ce sujet : Comment préserver la mémoire d’un parent atteint d’une longue maladie.
La résilience n’est pas un don offert à quelques-uns. Elle est un chemin, souvent long, mais possible. Et dans cette traversée post-maladie, les souvenirs jouent un rôle fondamental. Ils réparent, relient, enseignent et réhabilitent. Prendre soin de sa mémoire, c’est aussi prendre soin de soi et de ceux que l’on aime.