Être parrain ou marraine d’un enfant, c’est un lien unique qui s’inscrit dans le temps. Mais quand des kilomètres viennent se mettre entre vous et votre filleul, maintenir cette relation chaleureuse devient plus complexe. Alors, comment continuer à jouer ce rôle, à transmettre de la tendresse, de la mémoire et des repères, même à distance ? Il existe des moyens discrets mais puissants de faire sentir sa présence à un filleul expatrié, sans pour autant tomber dans une surcommunication ou des gestes impersonnels.
Exprimer sa présence sans insister : comprendre les enjeux de la distance
Avant même d’agir, il est essentiel de comprendre les défis qu’implique la distance géographique, en particulier lorsqu’il s’agit d’un enfant. Un filleul vivant à l’étranger développe ses repères culturels, émotionnels et sociaux dans un cadre très différent de celui de sa famille restée dans le pays d’origine. En tant que parrain ou marraine, il faut accepter cette réalité sans chercher à l’uniformiser.
Ce qui manque souvent, ce n’est pas l’échange direct, mais une forme de continuité affective dans le temps. Il s'agit de créer une présence rassurante, pas forcément fréquente, mais constante, incarnée dans des objets, des rituels, ou encore des histoires qui accompagnent l’enfant dans son quotidien.
Créer un rituel de communication douce et durable
Les appels vidéo peuvent être utiles, mais ils demandent une coordination complexe et peuvent parfois être vécus comme des « obligations » pour les enfants. À l’inverse, des gestes simples et bien pensés peuvent vraiment marquer un esprit jeune. Voici quelques idées concrètes :
- Envoyer une lettre ou une carte manuscrite tous les mois ou à chaque saison. Même une carte postale évoquant un souvenir partagé ou un endroit significatif peut devenir précieuse.
- Créer un petit journal du parrain/la marraine : un carnet dédié dans lequel vous notez ce que vous aimeriez partager avec votre filleul, que vous envoyez une fois par an ou que vous lui transmettrez plus tard.
- Mettre en place une date symbolique où vous lui envoyez toujours quelque chose : son anniversaire, la date de votre rencontre ou une fête que vous avez partagée.
Offrir un objet porteur de sens et de mémoire
Offrir un cadeau à un filleul vivant loin ne relève pas de l’accumulation d’objets. Au contraire, un seul objet, bien pensé, peut devenir le reflet du lien que vous entretenez. Le livre Raconte-moi ton histoire fait partie de ces supports rares permettant de nourrir le lien malgré la distance.
Ce livre à compléter avec des souvenirs personnels, des réponses à des questions guidées et des anecdotes permet de transmettre un peu de soi, de son humour, de son vécu... Il est souvent offert par des parents ou des grands-parents, mais rien n'empêche un parrain ou une marraine d'y voir une occasion intime de créer une passerelle de mots vers leur filleul. L'enfant pourra découvrir ces récits au fil du temps et garder cet objet comme un repère durable.
Transmettre sans enseigner : le pouvoir de l’histoire de vie
Raconter sa propre histoire peut sembler anodin, voire égocentrique. Pourtant, c’est une des façons les plus douces d’entrer dans l’univers de l’enfant expatrié. Cela ne consiste pas à expliquer le passé à tout prix, mais à le faire exister discrètement par des fragments de mémoire.
Dans une perspective de transmission familiale, évoquer les souvenirs de votre propre enfance, vos jeux préférés à son âge, vos premières bêtises ou vos espoirs d’autrefois crée un miroir affectif accessible et rassurant. Cela permet aussi à l’enfant d’intégrer des racines qu’il ne perçoit peut-être pas dans son présent quotidien.
Nous avons exploré en détail cette dynamique dans notre article Créer un lien humain durable avec un proche expatrié grâce aux souvenirs.
Tisser un fil invisible à travers les générations
Beaucoup de filleuls expatriés grandissent éloignés de leur arbre généalogique et de leurs racines familiales. En tant que parrain ou marraine, vous pouvez jouer un rôle essentiel dans cette reconstitution du puzzle. Partager une photographie d’un ancêtre, raconter une coutume familiale oubliée ou même envoyer une carte postale de la ville natale peuvent renforcer ce lien invisible.
Un exemple fort est celui du livre à compléter Raconte-moi ton histoire, qui propose notamment une page dédiée à l’arbre généalogique. Le simple fait de visualiser les prénoms de la famille, de connaître des anecdotes associées à chacun, aide un enfant expatrié à se sentir appartenir à un tissu humain plus large.
Accepter que le lien évolue dans le temps
Il faut parfois attendre pour que la graine plantée dans l’enfance germe à l’âge adulte. Les enfants d’expatriés peuvent développer une conscience accrue de leur histoire dès qu’ils deviennent adolescents ou jeunes adultes. Les gestes que vous faites aujourd’hui peuvent sembler simples ou invisibles, mais ils prennent souvent tout leur sens plus tard.
Sur notre blog, plusieurs témoignages évoquent ces retrouvailles émotionnelles avec leurs racines, notamment dans l’article Comprendre la vie de ses parents vivant à l’étranger à travers leurs souvenirs.
Se reconnecter au présent grâce à des projets partagés
Une autre manière de maintenir le lien est de s’engager dans un projet commun : lire à distance le même livre, apprendre ensemble quelques mots d’une langue, tenir un carnet photo ou même créer un album de souvenirs partagés en ligne. Il ne s’agit pas ici de multiplier les échanges, mais de créer une trace commune, visible et partagée.
Cette intention peut aussi prendre la forme d’un rendez-vous symbolique mensuel, même différé dans le temps. Une vidéo que vous enregistrez une fois par mois, un enregistrement audio ou une histoire lue à voix haute, envoyée par messagerie privée, peuvent être des formes modernes et douces d’une correspondance sincère.
Ce type d’initiative a été développé avec beaucoup de finesse dans notre article Maintenir une relation intime avec un proche séparé par des océans.
Même loin, toujours là : les liens qui se tissent avec la mémoire
En définitive, faire sentir sa présence à un filleul expatrié ne passe ni par l’intrusion ni par la profusion, mais par la justesse. Un geste réfléchi, un récit bien raconté, un objet investi de sens peuvent établir un pont émotionnel solide et durable.
Écrire sa propre histoire, envoyer des signes sensibles de sa présence, ou même offrir un outil qui invite à cette démarche, comme le livre Raconte-moi ton histoire, permet de créer ce fil entre générations. Une manière douce, mais puissante, d’exister dans la vie d’un être cher, malgré les frontières.
Pour approfondir cette approche, vous pouvez lire également notre article Cultiver les liens familiaux dans la durée malgré l’expatriation.