Un de mes parents semble perdu dans son passé : faut-il consulter ?

Avec l’âge, il est naturel que nos parents ressassent des souvenirs anciens ou aient envie de parler de leur passé. Cependant, lorsque ces retours en arrière deviennent fréquents, obsessionnels ou interfèrent avec le quotidien, il est légitime de se poser des questions. Que signifie ce comportement ? Est-ce un simple besoin de transmission ou le signe d’un trouble cognitif naissant ? Faut-il consulter un spécialiste ?

Comprendre pourquoi un parent parle souvent de son passé

Chez les personnes âgées, le passé prend une place plus importante. Cela peut être lié à une envie de transmettre, de donner du sens à sa vie ou encore de se reconnecter avec des émotions fortes. Dans bien des cas, partager ses souvenirs est une façon saine de garder une continuité dans sa propre histoire personnelle.

Ce besoin est d’autant plus fort si la personne traverse des périodes d’incertitude, de solitude ou de transitions difficiles (retraite, deuil, maladie). Ces discussions peuvent alors devenir des rituels rassurants, voire thérapeutiques.

Quand s'inquiéter ? Les signes à surveiller

La réminiscence en elle-même n’est pas un problème. Toutefois, certains signaux doivent alerter :

  • La confusion entre passé et présent (par exemple croire que des personnes décédées sont encore en vie).
  • Une difficulté à se repérer dans le temps ou l’espace.
  • La répétition constante des mêmes souvenirs sans conscience de l’avoir déjà raconté.
  • Le désintérêt pour le présent ou les activités quotidiennes.
  • Des oublis de plus en plus fréquents concernant des événements récents.

Si vous reconnaissez certains de ces signaux, il peut être utile de consulter un médecin généraliste ou un neurologue. Il s'agit peut-être d'un simple vieillissement normal, mais cela peut également être un des premiers signes d’un trouble neurocognitif.

Différences entre nostalgie normale et troubles cognitifs

La différence fondamentale se situe souvent dans le lien au présent. Une personne qui se remémore ses souvenirs tout en restant ancrée dans la réalité actuelle agit dans un processus sain. En revanche, si elle se replie sur son passé et semble déconnectée du monde qui l'entoure, cela peut poser problème.

Par exemple, il n’est pas préoccupant qu’un grand-parent parle souvent de son enfance à ses petits-enfants. En revanche, s’il ne reconnaît plus certains membres de sa famille ou pense être encore jeune, une évaluation peut s’imposer.

À ce sujet, notre article Mon proche répète souvent les mêmes choses : signe d'Alzheimer ou pas ? vous permettra de mieux distinguer le normal du pathologique.

Quand et pourquoi consulter un professionnel ?

Il n'y a pas de règle universelle. Toutefois, dès que le comportement inquiète, l'entourage ressent une forme d’impuissance ou que la personne concernée souffre de cette situation, consulter un professionnel est souvent une bonne idée. Cela permet :

  • De rassurer la famille.
  • De poser un diagnostic s’il y a lieu (dépression, début de maladie d'Alzheimer, etc.).
  • D’orienter vers un accompagnement adapté (psychologue, ergothérapeute, atelier mémoire...).

Il est également utile de consulter si la personne exprime elle-même une forme de détresse ou si ses souvenirs deviennent source d’angoisse ou de confusion.

Le site France Alzheimer offre des ressources précieuses pour accompagner les familles dans ces situations parfois délicates.

Aider votre proche à revisiter son histoire de manière apaisée

Si votre parent revient régulièrement sur son passé, il est possible de l’inviter à structurer cette démarche de manière positive. Raconter son histoire peut devenir une expérience valorisante et enrichissante — à condition de le faire dans un cadre bienveillant.

Certaines personnes trouvent particulièrement bénéfique de coucher leurs souvenirs par écrit ou de les partager avec un proche dans un moment calme. C’est dans cette optique que le livre Raconte-moi ton histoire a été conçu. Sans démarche thérapeutique, ce livre joliment illustré encourage les aînés à retracer leur parcours de vie à travers des questions douces et bienveillantes.

Livre Raconte-moi ton histoire ouvert à la page d’un arbre généalogique

Cette activité peut aussi devenir un rituel entre générations, à travers lequel petits-enfants et grands-parents échangent sur leur vécu, renforçant le lien familial tout en gardant une trace précieuse des souvenirs personnels.

Faut-il parler ouvertement avec son parent de son comportement ?

Oui, dans la majorité des cas, aborder ces sujets avec douceur est bénéfique. Cela permet de clarifier des malentendus, de rassurer, et d'ouvrir la porte à un accompagnement si nécessaire. Encore faut-il choisir le bon moment : un instant calme, sans distraction et dans un esprit d’écoute.

Posez des questions ouvertes : "Tu parles souvent de cette époque, qu’est-ce que tu ressens quand tu y penses ?" ou bien "Est-ce que ça te plairait de noter ces souvenirs pour les partager avec les petits-enfants ?"

Parfois, cette conversation peut être le point de départ pour explorer ensemble un outil comme Raconte-moi ton histoire, un support simple et respectueux qui permet aux aînés de prendre la parole à leur rythme.

Livre Raconte-moi ton histoire au pied du sapin

Aider sans briser la confiance

Il est crucial de ne jamais infantiliser ou juger les souvenirs d’un parent qui "vit dans le passé". Même s’ils nous paraissent étranges ou répétitifs, ces récits ont souvent une valeur affective pour l’aîné. L’écoute bienveillante est une première forme de soin.

Si vous craignez un début de maladie, sachez qu’il existe des signes précoces à reconnaître afin de ne pas laisser passer l’occasion de préserver la mémoire tant qu’il est encore temps. Le guide Alzheimer : reconnaître les signes avant qu’il ne soit trop tard pour documenter les souvenirs explore en détail cette problématique.

Conclusion : trouver l'équilibre entre vigilance et bienveillance

Le repli dans le passé n’est pas toujours signe de maladie. Il peut être une forme de réflexion naturelle, une quête de sens ou une façon de maintenir une identité. Mais il peut également, dans certains cas, révéler un trouble de la mémoire ou une souffrance émotionnelle. L’important est de rester attentif, sans dramatiser, tout en offrant des outils de réassurance, de stimulation et d'échange.

Que vous choisissiez d’accompagner votre proche chez un professionnel ou de l’aider à raconter son histoire, l’essentiel est de préserver le lien et de respecter son rythme. Si vous êtes dans cette situation, notre article Comment aider son parent à revisiter son histoire personnelle pourrait également vous offrir des pistes concrètes.