Parler de son passé n’est jamais une tâche anodine. Pour certains, les souvenirs remontent facilement, comme des bulles qui éclatent en douceur ; pour d’autres, chaque mot est le fruit d’un effort, parfois teinté de douleur, de pudeur ou d’incertitude. Trouver les bons mots pour raconter ce qui fut, ce que l’on a traversé, ce que l’on a aimé ou perdu, n’est pas inné – mais c’est possible pour chacun d’entre nous. Et cela peut transformer la manière dont nous nous connaissons, nous relions aux autres et transmettons ce que nous avons de plus précieux : notre histoire.

Pourquoi est-il si difficile de mettre des mots sur son passé ?
Le silence autour des souvenirs personnels n’est jamais gratuit. Il peut découler d’un sentiment de honte, d’une crainte d’être mal compris, d’un rejet anticipé, ou tout simplement, d’une habitude familiale de ne pas parler de soi. Notre passé peut être chargé d’émotions complexes : de la joie, mais aussi du regret, des blessures ou des non-dits. Cette complexité crée souvent un blocage – sans que la personne sache par où commencer ou à qui s’adresser.
C’est d’ailleurs ce que nous abordons dans l’article "Je n’ai jamais osé le dire à personne : raconter enfin son vécu", qui explore ce moment décisif où l’on choisit enfin de se confier.
Choisir les bons mots : entre précision et sincérité
L’idée n’est pas de faire œuvre littéraire, mais de rendre justice à ses souvenirs. Trouver les bons mots, c’est avant tout accepter que le récit soit personnel, imparfait, subjectif. C’est en restant fidèle à ce que l’on a ressenti que la parole touche les autres. Par exemple, on peut débuter simplement : "Je me souviens du parfum de la confiture sur les tartines de mon grand-père." Les images sensorielles sont souvent des ponts vers des émotions authentiques.
Lorsqu’on cherche à parler d’événements douloureux, cela devient plus délicat. Mais même dans ces cas, comme évoqué dans "Dire l'indicible à travers un récit personnel", il existe des manières sensibles d'aborder des sujets sans devoir tout révéler frontalement, en choisissant une approche symbolique ou métaphorique.
Structurer sa parole pour ne pas se perdre dans ses souvenirs
Beaucoup redoutent de s’emmêler dans les époques et les faits. Une structure peut alors rassurer et guider. C’est justement le principe du livre “Raconte-moi ton histoire”, qui propose des questions organisées chronologiquement et thématiquement, permettant ainsi d’aborder les différentes étapes d’une vie tout en douceur.
Remonter le fil de sa vie à travers l’enfance, les rencontres, les lieux marquants, les objets ou les habitudes du quotidien permet souvent d’ouvrir des portes insoupçonnées. Une question toute simple, comme “Quel était ton plat préféré lorsque tu étais enfant ?”, peut déclencher des récits riches en anecdotes et en émotions.

À qui raconte-t-on son histoire et pourquoi ?
Se raconter est un acte intime, mais il prend tout son sens lorsqu’il est tourné vers quelqu’un : un proche, un enfant, un petit-enfant ou même une version future de soi. Le récit est alors une passerelle entre générations, un don symbolique. Loin d’être une obligation, c’est un geste d’amour et de transmission.
Dans l’article "Transmettre ses vérités avec tendresse à ceux qu’on aime", nous développons cette idée qu’il est possible de partager des fragments de soi-même tout en respectant ses zones de protection, ses silences choisis.
Écrire ou raconter son histoire, c’est aussi une façon de léguer des repères culturels et affectifs à ceux qui nous suivent. Un récit de vie personnel peut aider un enfant à comprendre ses propres racines, à se sentir appartenir à une lignée, une trame invisible mais bien réelle.
Les outils concrets pour trouver ses mots
Pour ceux qui se lancent, il est possible de s’accompagner de différents outils :
- Un cahier de souvenirs ou un carnet de notes pour collecter des fragments au fil de l’eau.
- Une boîte à souvenirs contenant des objets, photos, lettres… qui ravivent la mémoire.
- Des enregistrements audio ou vidéos pour poser sa voix lorsqu’écrire semble trop ardu.
- Et bien sûr, des supports comme le livre Raconte-moi ton histoire, qui orientent la parole grâce à des questions très accessibles, même pour les personnes peu habituées à l’écriture.
C’est aussi ce que nous explorons plus en profondeur dans cet article consacré à comment se confier sans jugement ni pression, en mettant en lumière les conditions propices à une parole qui libère.
Accepter que tout ne soit pas dit (et que ce soit suffisant)
Parfois, l’envie de partager bute sur des zones d’ombre. Peut-on raconter sans tout dire ? Oui – et c’est même souvent préférable. Ce que l’on choisit de transmettre n’a pas à être exhaustif pour être significatif. Le simple fait d’exprimer une émotion, de nommer une étape, permet déjà une forme de transmission émotive forte.
Dans ce cadre, l’article "Faut-il tout dire dans un récit de vie ?" apporte des éléments de réflexion pertinents à ceux qui hésitent à laisser certaines zones floues dans leur témoignage.
Partager son passé, un acte de liberté
Évoquer son passé, ce n’est pas seulement chercher à être compris : c’est se réapproprier son histoire. C’est aussi, parfois, pardonner, lâcher prise, valoriser des parts de soi longtemps oubliées. Pour beaucoup, ce processus est aussi réparateur que révélateur.
Parler de soi avec ses propres mots, sans pression ni performance, est une manière d’exister pleinement dans les yeux de ceux qu’on aime – et dans le récit qu’on se transmet à soi-même.
Offrir ou utiliser un support tel que le livre "Raconte-moi ton histoire" n’a donc rien d’un simple passe-temps : il s’agit d’un outil délicat, respectueux, pour retrouver le fil d’une vie à travers les mots que l’on choisit.
