La bienveillance envers soi-même est souvent reléguée au second plan dans nos vies trépidantes. Pourtant, elle constitue une pierre angulaire du bien-être intérieur. Être bienveillant avec soi-même, c’est apprendre à s’écouter, se respecter, et surtout, se pardonner. Ce cheminement lent mais essentiel permet aussi de reconnaître la valeur de notre propre histoire, avec ses zones d’ombre comme de lumière.

Pourquoi la bienveillance envers soi-même est-elle si difficile à cultiver ?
Nous vivons dans une société où la performance est souvent valorisée au détriment de l’introspection. Être fort, productif, maître de ses émotions, voilà les récits dominants. Dans ce contexte, reconnaître ses limites ou ses blessures est parfois perçu comme une faiblesse, alors même que ces gestes peuvent être profondément réparateurs et puissants.
La bienveillance envers soi nécessite aussi d’aller à la rencontre de soi, ce qui n’est pas toujours confortable. Cela implique de revisiter certains souvenirs, d’accepter ses imperfections, ou encore de reconnaître les moments où l’on aurait préféré réagir autrement.
Revenir à l’essentiel : se reconnecter à son histoire personnelle
Une étape essentielle vers la bienveillance est la reconnaissance de la personne que nous avons été et de celle que nous devenons. Pour cela, il est souvent bénéfique de retracer son parcours de vie. Ce retour aux sources permet de redonner du sens à ce que l’on a vécu, en mettant en lumière sa résilience, ses petits et grands accomplissements mais aussi les leçons tirées des épreuves.
Des initiatives comme le livre Raconte-moi ton histoire facilitent ce processus. Conçu pour être complété par la personne à qui on l’offre – souvent un parent ou un grand-parent – cet ouvrage pose des questions guidées qui favorisent une relecture bienveillante de sa vie. Bien que pensé pour créer un lien familial, il offre également au répondant une opportunité rare : celle de se raconter avec douceur.

Apprendre à se parler comme on parlerait à un ami cher
Une pratique concrète pour développer la bienveillance intérieure est d’adopter un langage intérieur doux. Nous sommes nombreux à nous adresser à nous-mêmes avec sévérité, parfois même violence. Prenez un moment : que diriez-vous à un ami dans la situation que vous traversez ? Probablement des mots d’encouragement, de compassion, de patience. Appliquer cette attitude à soi-même entame une véritable transformation dans la manière dont on se perçoit.
Il ne s’agit pas d’un simple exercice mental. Les mots que l’on se dit façonnent notre rapport au monde et à nous-mêmes. Ils influencent aussi nos choix, notre confiance, notre élan vital. Cela s’ancre dans une pratique quotidienne, par petites touches. Lorsque l’on fait une erreur, au lieu de se dénigrer, il s’agit de se dire : « C’est humain. Tu es en apprentissage. »
Créer un espace intime pour se souvenir
Parfois, les souvenirs que l’on porte dorment dans un coin de notre mémoire, encore trop fragiles pour émerger seuls. Les accueillir demande quelques précautions. Créer un lieu, un moment propice pour se reconnecter à ces souvenirs peut aider à les regarder avec plus de distance et de tendresse.
Dans cet article, nous parlons justement du pouvoir réparateur des souvenirs doux. Ils agissent comme des repères internes, des refuges émotionnels quand l’extérieur semble bousculant. Les actes créatifs simples, comme écrire, dessiner ou verbaliser ses souvenirs à un proche, ouvrent une grande porte vers la bienveillance en nous reconnectant à des émotions positives passées.
Honorer son parcours, sans filtre ni jugement
L’une des clés est d’essayer de laisser de côté les jugements sur le passé. Se dire que l’on a toujours fait « de son mieux », même si ce « mieux » variait selon les périodes, les forces disponibles, les moyens émotionnels dont on disposait. Cet état d’esprit permet une prise de conscience libératrice : nous sommes en perpétuelle évolution.
Le processus d'auto-réflexion, comme celui amorcé en complétant un livre de mémoire tel que Raconte-moi ton histoire, permet justement cette relecture de soi dans une optique d’accueil et de non-jugement. En consignant des souvenirs de son enfance, de sa jeunesse, de sa vie de famille ou de ses passions, on met en relief les fils conducteurs souvent invisibles de sa propre construction.
S’autoriser à poser des mots sur ses émotions
La bienveillance passe également par l’identification et l’expression de ses émotions. Dans cet autre article, nous abordons comment le fait de relier ses émotions à des souvenirs précis permet de mieux se comprendre. Ce travail permet aussi de mettre à distance certaines douleurs, en intégrant ces événements dans une narration cohérente.
Se raconter (ou inviter ses proches à se raconter) devient alors un espace thérapeutique en soi. Non pas pour se plaindre ni embellir artificiellement une réalité, mais pour créer une ligne temporelle apaisée entre passé, présent et futur. C’est l’un des principes évoqués aussi dans l’article Mieux comprendre son présent grâce à son passé où l’on explore comment nos choix futurs sont souvent influencés par les récits que l’on se fait de notre propre vie.
Transmettre avec sincérité
Enfin, la bienveillance envers soi s’élargit naturellement à la transmission. Lorsque l'on a appris à se regarder avec tendresse, il devient plus simple de transmettre une version honnête mais positive de notre histoire à ceux qui nous suivent : enfants, petits-enfants, amis de cœur. Cette transmission n’a pas besoin d’être spectaculaire. Elle réside dans les détails, dans la générosité de la parole, dans le partage de ce que l’on a compris de soi et de la vie.
Sur ce sujet, l’article Savoir qui l’on est pour mieux vivre en paix offre d’autres perspectives sur cette idée : en se connaissant, en s’acceptant, nous construisons aussi un héritage intangible que nos proches peuvent observer, comprendre, et peut-être même intégrer.
Ce processus peut commencer simplement, par exemple en offrant à un proche âgé un livre comme Raconte-moi ton histoire. Ce cadeau devient alors un double geste : une invitation à la bienveillance pour la personne qui écrit, et un trésor de transmission pour celle qui reçoit.