À travers le prisme des souvenirs de nos parents, les décennies 60, 70 et 80 se dessinent bien différemment de ce que l’on peut lire dans les manuels d’histoire ou regarder dans les documentaires. Ce sont des époques qui ont marqué une génération entière : bouleversements sociaux, premières innovations technologiques, musique révolutionnaire, transformations culturelles… Et pourtant, derrière ces grands mouvements se cachent des expériences très personnelles.

Les années 60, 70 et 80 : des décennies charnières à explorer
Bien plus qu’un arrière-plan historique, ces décennies représentent un tournant dans la manière dont nos aînés ont perçu le monde. Comprendre ces années par leurs yeux, c’est aussi mieux comprendre ce qui les a formés, influencés, et ce qu’ils nous transmettent aujourd’hui.
Les années 60 ont vu l’émergence des yéyés, des mouvements sociaux majeurs comme Mai 68, la démocratisation progressive de l’automobile ou de l’électroménager. Dans les années 70, les questions écologiques font surface, la mode explose, et la télévision devient un pilier du foyer. Les années 80, quant à elles, annoncent l’arrivée de l’informatique, des jeux vidéo, et d’une nouvelle économie mondialisée.
Mais comment ces périodes ont-elles été vécues intimement ? Quel était le quotidien d’un adolescent pendant la crise pétrolière ? Comment vos parents se sont-ils rencontrés, habillés, divertis ?
Pourquoi recueillir les souvenirs de vos parents est essentiel
Le récit de vie, loin d’être une simple nostalgie, est un outil précieux de transmission. En tendant l’oreille, nous construisons une mémoire familiale vivante, ancrée dans les récits singuliers. C’est en les écoutant raconter ces années qu’on découvre des anecdotes oubliées, des caractères insoupçonnés, des petites révolutions personnelles.
De nombreux enfants ou petits-enfants se demandent comment susciter ces confidences. Cet article comment faire parler un proche discret de sa vie passée apporte des clés efficaces pour amorcer la discussion avec délicatesse.
L’histoire de nos proches devient alors une extension de notre propre histoire. L'écouter permet de cultiver un lien intergénérationnel fort et d'oser poser les bonnes questions avant que certains souvenirs ne s'effacent. Si le sujet vous touche, vous trouverez également des ressources inspirantes dans l'article Des souvenirs qui rapprochent.
Des objets, des goûts, des gestes : déclencheurs de mémoire
Les souvenirs reviennent souvent à travers les cinq sens. Parler des années 60 à 80 avec vos parents peut passer par l’évocation :
- Des chansons qu’ils écoutaient (Johnny Hallyday, France Gall, Téléphone...)
- Des programmes TV qui rythmaient leurs soirées (l’ORTF, Récré A2, Apostrophes…)
- Des objets du quotidien : tapisseries, Minitel, tourne-disques, 2CV, jouets classiques, premiers ordinateurs
- De leurs repas familiaux et recettes typiques
- Des habitudes sociales comme les bals, les colonies de vacances ou les courriers manuscrits
Faites l’exercice lors d’un café partagé : demandez-leur comment on vivait sans internet, comment on choisissait une musique ou une destination, ou encore comment les relations amoureuses naissaient dans un monde sans applications.
Comment structurer ces récits et les partager
Une fois le dialogue ouvert, reste la question de la conservation. Comment ne pas laisser s'échapper ces précieux échanges ? Vous pouvez tenir un journal de vos conversations, enregistrer les récits audio, ou encore utiliser des supports conçus pour cela. Le livre "Raconte-moi ton histoire" se révèle particulièrement utile. Ce cahier à compléter propose des questions guidées pour faciliter le récit personnel et aborder toutes les grandes étapes d’une vie, y compris celles de ces décennies si riches.

Ce type de démarche fait aussi écho à notre besoin de mieux cerner nos racines. L’article Apprendre à connaître ses racines par les récits familiaux explore cette idée en profondeur : chaque souvenir partagé est un chemin vers la connaissance de soi.
Des discussions qui se muent en héritage émotionnel
Les souvenirs ne sont pas faits seulement pour être entendus, mais pour être ressentis. Entendre son père raconter ses premières heures à son travail, ou sa mère parler de ses rêves d’adolescente, bouleverse souvent la vision qu’on a d’eux. Ce ne sont plus seulement "nos parents" mais des individus avec des expériences humaines parfois éloignées des nôtres, et pourtant matricielles.
Ces récits tissent ce que certains sociologues appellent une "mémoire familiale active". Ce n’est pas une mémoire figée, mais une dynamique d’échange qui évolue avec les générations. Cela permet aussi de transmettre autre chose que du patrimoine matériel : une mémoire émotionnelle, un socle d’histoires communes, un sentiment d’appartenance intemporel.
Créer des moments de transmission intergénérationnelle
Organiser des entretiens familiaux, filmer une conversation avec un parent ou un grand-parent ou tout simplement proposer une promenade accompagnée de souvenirs anciens, permet de ritualiser cette transmission. Ces moments sont parfois simples mais puissants. Vous pouvez aussi proposer à votre parent d’offrir à son tour ces souvenirs à ses petits-enfants.
Le livre "Raconte-moi ton histoire" a été pensé dans cette optique : il ne s'agit pas de "raconter toute sa vie" de manière linéaire, mais de répondre à des questions précises qui permettent d'explorer des souvenirs parfois enfouis. Une page parle de la mode, une autre de l’école, une autre des premières vacances ou de la musique préférée à 16 ans. Ce découpage thématique facilite l'écriture même pour les personnes n'étant pas à l'aise avec l'expression écrite.
Faire le lien avec le présent et l’avenir
Ce retour dans les décennies passées n’est pas qu’un exercice de mémoire : il a un vrai impact sur notre manière de vivre aujourd’hui. En prenant conscience de ce que nos parents ont traversé, des défis qu’ils ont relevés, des joies simples qui les ont portés, nous pouvons reconsidérer nos propres enjeux avec plus de recul et d’humilité.
L’échange intergénérationnel crée ainsi une forme de réconciliation avec le passé. Il donne la possibilité aux enfants de se reconnaître dans les valeurs transmises, aux parents de se sentir écoutés et valorisés, et à tous de construire une continuité affective.
Pour aller plus loin, l’article Favoriser la parole des aînés pour construire la mémoire familiale offre d’autres suggestions concrètes pour nourrir ces échanges puissants et durables.