Nous portons tous un récit, tissé de souvenirs, de joies, de blessures et d’apprentissages. Mais rares sont ceux qui prennent réellement le temps de poser des mots sur ces fragments de vie. Pourtant, raconter son histoire n'est pas un simple acte de mémoire : c'est aussi un puissant levier de guérison intérieure. Que l'on choisisse de le faire par écrit, à l'oral ou au travers d’un support guidé, comme le livre Raconte-moi ton histoire, ce processus peut transformer notre rapport à nous-mêmes et à notre passé.

Faire le tri dans ses souvenirs pour mieux les comprendre
Le passé est parfois flou, fragmenté voire confus. Lorsque l’on fait l’exercice de le raconter, une forme de tri s’opère naturellement. En mettant de l’ordre dans les événements, en rétablissant une chronologie ou en retissant les liens entre les différentes périodes de vie, on parvient à saisir une cohérence là où régnait autrefois le flou.
Ce travail de récit permet de faire émerger un sens et de mieux comprendre les événements difficiles. C’est ce que démontre la pratique du récit de vie, utilisée depuis longtemps en psychothérapie. Elle permet notamment de prendre du recul sur certains souvenirs, de les revisiter sous un autre prisme et de sortir d’une posture purement émotionnelle pour aller vers une lecture plus apaisée de son parcours.
Donner de la voix à ses blessures pour mieux les apaiser
Beaucoup de blessures du passé continuent de vivre en silence. L’absence de mots laisse place aux malaises, aux non-dits, voire aux répétitions transgénérationnelles. Raconter son histoire, c'est aussi offrir un espace à ces douleurs enfouies. C’est leur reconnaître une existence et une légitimité.
On le voit notamment chez les personnes âgées, parfois surprises de voir à quel point la parole libérée leur permet de faire la paix avec des événements remontant à des décennies. C’est pour cette raison qu’on encourage les aînés à partager leur vécu, comme expliqué dans notre article Encourager un senior à raconter son vécu pour favoriser son bien-être émotionnel.
L’écriture ou la narration de sa propre histoire permet donc de transformer la douleur en expérience partagée, ce qui est déjà une forme de réparation.

Changer la narration pour retrouver une forme de pouvoir
Nous ne pouvons pas changer ce qui s’est produit, mais nous avons le pouvoir de changer la manière dont nous racontons notre histoire. Et ce pouvoir est immense. Par exemple, cesser de se voir comme une victime passive pour reconnaître les ressources que l’on a mobilisées permet de restaurer l’estime de soi.
C’est une approche que l’on retrouve dans le travail basé sur la résilience et que nous avons exploré dans Cet article sur les souvenirs positifs et la résilience. La façon dont on choisit de se raconter peut transformer en profondeur les émotions liées à certains passages de vie.
Faire preuve d’objectivité, porter une regard bienveillant sur soi-même, reconnaître ses erreurs sans se juger : voilà les bénéfices tangibles d’un récit conscient et actif de sa propre histoire.
Transmettre son histoire pour briser les silences et délier les mémoires familiales
Raconter son passé, c’est aussi un cadeau à faire à ses enfants, ses petits-enfants, ou à toute personne qui partage notre lignée. En levant les silences ou en racontant les événements d’une autre époque, on nourrit l’identité familiale et on transmet des repères précieux.
Parfois, faire la paix avec son histoire passe par le besoin de transmettre. Car ce que l’on nomme ne pèse plus seulement sur nos épaules. Cela permet aussi d’éviter que les générations suivantes portent inconsciemment des héritages émotionnels non digérés. À ce titre, nous avons consacré un article complet sur la manière de favoriser le dialogue intergénérationnel au service de la santé mentale.
Le livre Raconte-moi ton histoire s’inscrit justement dans cette démarche de transmission. Conçu comme un guide pour poser des mots sur son passé, il invite chacun à retracer son parcours à travers des questions bienveillantes et accessibles. Il devient dès lors un témoin précieux pour les générations futures.
Une expérience personnelle qui nourrit la croissance personnelle
Pour certains, prendre le temps d’écrire ou de raconter son vécu est aussi un moyen de se reconnecter à soi, à ses valeurs, à ce qui compte réellement. C’est une démarche introspective qui alimente une meilleure connaissance de soi, parfois même une forme de réconciliation.
C’est ce que mettent en lumière de nombreux exercices d’écriture thérapeutique. Ceux-ci permettent souvent de mettre en mots des émotions confuses ou enfouies, comme nous l’évoquons dans cet article sur les exercices d’écriture pour apaiser l’anxiété.
Un simple stylo et quelques lignes peuvent ainsi devenir de puissants compagnons de résilience. Et parfois, ces récits mènent à une découverte plus profonde : celle de notre capacité à évoluer, à pardonner et à faire la paix avec ce que l’on croyait immuable.
Un cheminement bénéfique à tous les âges
S’il est évident que les seniors tirent beaucoup de bénéfices à raconter leur vie, cette démarche peut aussi être précieuse à d’autres moments-clés : l’adolescence, la transition vers la parentalité, ou encore les périodes de remise en question professionnelle ou personnelle.
Chez les adolescents en particulier, la capacité à mettre en mots leur vécu renforce considérablement l’estime de soi, comme nous le soulignons dans cet article sur le récit de vie et l’estime de soi.
Ainsi, il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour entamer ce chemin vers soi. Commencer à raconter et à se raconter peut devenir l’acte fondateur d’une paix retrouvée avec son passé.