Oublier un rendez-vous, chercher ses lunettes ou perdre le fil d'une conversation : ces petites défaillances de mémoire font partie de la vie. Mais lorsqu'elles deviennent fréquentes, la question se pose : est-ce un simple signe de vieillissement ou le début de la maladie d’Alzheimer ? Dans cet article, nous vous proposons d’explorer les signes précoces de cette pathologie, les éléments permettant de distinguer l’oubli bénin du trouble plus grave, et comment aborder le sujet avec un proche concerné.
Oublis passagers ou signes inquiétants : comment faire la différence ?
Avec l’âge, notre mémoire évolue naturellement. Il est donc normal que certaines fonctions cognitives ralentissent. Toutefois, il convient de savoir différencier une baisse de mémoire liée au vieillissement naturel d’un trouble plus profond.
Quelques exemples d’oubli « normal » :
- Oublier occasionnellement un mot ou un prénom, mais le retrouver plus tard.
- Ranger un objet au mauvais endroit de temps en temps.
- Hésiter avant de prendre une décision, mais y parvenir avec un peu de réflexion.
En revanche, lorsqu'on remarque chez un proche les signes suivants, il pourrait s’agir d’un début de maladie d'Alzheimer :
- Répéter les mêmes questions sans se souvenir de les avoir déjà posées.
- Perdre la notion du temps ou de l’endroit où l’on se trouve.
- Éprouver de la difficulté à suivre une conversation ou à articuler ses pensées.
Pour approfondir ce sujet, découvrez notre article Comment reconnaître les premiers signes de la maladie d’Alzheimer chez un parent âgé.
Faut-il consulter dès les premiers oublis ?
Il est préférable de discuter avec un professionnel de santé dès qu’un proche présente des troubles de la mémoire qui perturbent son quotidien. Un médecin généraliste pourra orienter vers un neurologue ou un spécialiste de la mémoire. Des tests cognitifs simples, accompagnés parfois d’imageries cérébrales, peuvent aider à établir un diagnostic.
Il existe également des centres mémoire publics en France, appelés Centres Mémoire de Ressources et de Recherche (CMRR), spécialisés dans l’évaluation des troubles neurocognitifs. Plus le diagnostic est posé tôt, plus il est possible de mettre en place des stratégies de soutien et de préservation de l’autonomie.
Comment aborder ce sujet délicat avec un proche ?
Parler de troubles de mémoire avec un proche n’est jamais facile. Il est fréquent que la personne concernée minimise ou nie ses difficultés, soit par inquiétude, soit pour ne pas perdre la face face à ses enfants ou petits-enfants.
Voici quelques pistes pour ouvrir le dialogue sans brusquer :
- Choisir un moment propice, loin de toute distraction ou stress.
- Parler au « je » : exprimer ses propres ressentis, plutôt que d’accuser (ex. : « Je suis inquiet quand je vois que tu oublies souvent tes médicaments. »).
- Proposer un rendez-vous médical comme un simple « check-up » de routine.
Ce sujet est examiné plus en profondeur dans l’article Comment en parler avec un proche.
Stimuler la mémoire : des gestes simples au quotidien
Si le diagnostic d’Alzheimer n’est pas posé, ou si la maladie est à un stade très précoce, des activités régulières peuvent aider à stimuler la mémoire et préserver les capacités cognitives :
- Jeux de mémoire ou de réflexion (mots croisés, sudoku, échecs).
- Lecture quotidienne et discussions avec les proches.
- Activité physique légère, comme la marche, qui stimule aussi le cerveau.
Parler de souvenirs anciens est une autre approche très efficace. En effet, les patients atteints d’Alzheimer conservent souvent les souvenirs lointains plus longtemps que les souvenirs récents. Offrir un cadre pour recueillir ces souvenirs peut être une forme de thérapie douce.

Dans cette optique, certains proches proposent à leur parent âgé de compléter un livre à questions guidées. Le livre Raconte-moi ton histoire en est un exemple touchant : il offre une structure bienveillante pour recueillir les souvenirs de vie d’un être cher. En plus de renforcer les liens familiaux, il permet à la personne de revivre son passé tout en stimulant sa mémoire.
Préserver les souvenirs en cas de maladie : une responsabilité partagée
Lorsqu’un proche commence à perdre la mémoire, l’entourage joue un rôle clé dans la préservation de ses souvenirs. En enregistrant les anecdotes, en classant les photos, ou simplement en écoutant les récits familiaux, nous contribuons à maintenir vivant ce patrimoine immatériel.
Certains choisissent de créer un lien générationnel fort en offrant un livre à compléter, dans lequel les souvenirs prennent forme sous la plume de l’aîné. Cela peut être fait petit à petit, sans pression. Pour accompagner cette démarche, l’article Méthode simple pour raconter sa vie jour après jour propose une approche progressive.

Ces témoignages écrits sont des cadeaux précieux, tant pour les petits-enfants qui pourront mieux comprendre leur histoire familiale, que pour les personnes atteintes qui ressentent encore leur utilité à travers cet exercice.
Et si nous anticipions avant qu’il ne soit trop tard ?
Créer une mémoire partagée n’est pas qu’un geste pour ceux qui souffrent déjà d’un trouble. C’est une démarche que chacun peut engager dès maintenant. Demander à un parent ou à un grand-parent de raconter son histoire à travers des réponses à des questions simples permet non seulement de mieux les connaître, mais aussi d’ancrer plus profondément le lien entre générations.
Si vous êtes à la recherche de thèmes à aborder pour aider un proche à raconter sa vie, consultez ces exemples de thèmes guidés, utiles même dans les cas de fragilité cognitive.
Même lorsque la mémoire devient floue, une chose demeure essentielle : le sentiment d’être écouté, reconnu et aimé.