Les professionnels de la santé mentale le constatent depuis plusieurs années : raconter son histoire peut avoir un impact profond sur le processus de guérison psychique. Le récit de vie, longtemps réservé aux cercles littéraires ou aux recherches universitaires, trouve désormais sa place dans les dispositifs thérapeutiques. C’est une pratique qui, lorsqu’elle est bien encadrée, peut contribuer à restaurer l’estime de soi, apaiser les traumatismes et rétablir un sens à l’existence.
Pourquoi raconter sa vie peut aider à aller mieux ?
Raconter sa vie, ses souvenirs, son parcours, permet de poser un regard nouveau sur soi-même. Cela invite à restructurer ses expériences dans un cadre narratif cohérent, à revisiter des événements marquants avec recul, et souvent à réévaluer sa propre identité. En santé mentale, cela peut profondément transformer la relation que l’on entretient avec sa propre histoire.
Selon de nombreuses études, la narration de soi a des effets thérapeutiques. Elle participe à renforcer le sens de continuité de l'identité, ce qui est particulièrement utile pour les personnes atteintes de troubles anxieux, de dépression, ou encore de stress post-traumatique. Ce processus est apparu notamment dans les approches de la thérapie narrative, qui repose sur l’idée que « nous ne sommes pas le problème, le problème est le problème » et que chacun peut reconfigurer son récit de vie pour mieux comprendre et apprivoiser ses difficultés.
Un outil accessible pour tous : le carnet de récits guidé
Dans le cadre d’un accompagnement psychologique, il est parfois difficile de trouver les mots, surtout quand on est sollicité dans un cabinet de consultation impersonnel. Un carnet proposant des questions structurées et bienveillantes devient alors un support de parole et de réflexion extrêmement utile.
Le livre "Raconte-moi ton histoire", conçu comme un livre à compléter, en offre une forme accessible. Ce n’est pas un ouvrage thérapeutique au sens strict, mais il propose une démarche introspective douce, à travers des questions guidées sur l’enfance, les souvenirs marquants, les relations ou encore les rêves et les valeurs. En contexte thérapeutique, ou en parallèle d’une prise en charge médicale, il peut constituer un support valable pour explorer certains pans de son histoire en autonomie ou avec un proche.

Comment intégrer concrètement le récit de vie dans un parcours de soin ?
Plusieurs façons d’introduire l'exercice du récit de vie en santé mentale existent :
- En psychothérapie individuelle, sous la forme d’exercices d’écriture structurés.
- Dans des ateliers d’écriture thérapeutique organisés en institutions ou en groupes de parole.
- En maison de repos ou en centre de réhabilitation psychosociale, comme outil de reconstruction identitaire.
- En milieu familial, avec l’accompagnement d’un proche qui aide à mettre des mots sur le passé.
La régularité est clé. Il ne s’agit pas de tout dire d’un coup, mais d’aborder petit à petit certains souvenirs déclencheurs d’émotions, puis d’y adjoindre une compréhension nouvelle avec le temps. Un article sur l’introspection par l'écriture souligne d'ailleurs son importance dans la prise de conscience émotionnelle.
Le rôle des aidants et proches dans la démarche
Lorsqu’un proche traverse une période difficile sur le plan psychique, il est parfois compliqué de savoir comment lui venir en aide. Or, le récit de vie peut également être une porte d’entrée relationnelle. Demander à son parent âgé, à son conjoint ou même à son adolescent de raconter un moment significatif de sa vie n’est pas anodin. C’est une manière d’ouvrir une conversation autrement inaccessible.
Des ressources telles que l'article sur l'art de poser les bonnes questions viennent enrichir cette perspective : faciliter les bonnes interactions, dénouer les silences et restaurer la communication sans forcer la parole.
Offrir un carnet des souvenirs peut être une main tendue qui dit : « Je suis là, et je suis prêt à écouter. »

Des bénéfices à long terme pour la santé mentale
Au-delà de l’instant thérapeutique, reconstruire son récit de vie a des effets durables. Cela permet :
- De mieux se connaître, en reliant ses comportements à son histoire.
- De sortir de la honte ou de la culpabilité, en contextualisant certaines expériences difficiles.
- De transmettre une mémoire aux générations futures, dans une logique de continuité familiale.
Plusieurs initiatives intergénérationnelles encouragent d’ailleurs cette transmission par l’écriture. Créer un rituel familial de souvenir et d’émotions n’est pas réservé aux périodes de fêtes ou aux cérémonies. C’est aussi une manière de prévenir l’isolement émotionnel, souvent facteur aggravant des troubles mentaux.
Et si on écrivait ensemble ?
Entamer un tel projet d’écriture demande du courage, mais il n’est pas nécessaire d’avoir une vocation littéraire pour se lancer. Ce qui compte, c’est la sincérité du geste. Choisir un moment calme, un support qui inspire confiance, une ou deux questions à se poser… et simplement commencer. Le reste vient souvent tout seul.
Certains choisissent même d’organiser des moments d’écoute autour de la mémoire entre amis ou en famille, pour que cet effort ne reste pas solitaire. Il n’est jamais trop tard pour se réapproprier son histoire, et parfois, cela commence par un petit carnet posé sur une table de chevet.
Le livre "Raconte-moi ton histoire" offre cette possibilité d'un dialogue intérieur, même quand les mots sont d'abord timides. Un compagnon discret, mais précieux, pour celles et ceux qui cherchent à se rassembler intérieurement.