Lorsque l’on s’aperçoit qu’un proche commence à confondre des souvenirs anciens avec des événements plus récents, il est naturel de s’inquiéter. Est-ce le signe d’un simple vieillissement de la mémoire ou d’un trouble plus profond, comme la maladie d’Alzheimer ?
Pourquoi les souvenirs anciens semblent plus présents que les souvenirs récents ?
La mémoire humaine ne se détériore pas de façon homogène. Avec l’âge, la mémoire immédiate (celle qui permet de retenir une information à court terme) est généralement plus affectée que la mémoire à long terme. Ainsi, les souvenirs de jeunesse, d’enfance ou d’événements marquants du passé ont souvent tendance à « ressortir » plus facilement, même lorsque l’on oublie ce qui s’est passé le matin même.
Ce mécanisme peut entre autres s’expliquer par le fait que les souvenirs anciens ont souvent été rappelés à plusieurs reprises au fil du temps, ce qui les renforce. En revanche, les souvenirs récents n’ont pas encore eu le temps de s’ancrer durablement dans la mémoire, notamment si l’attention ou la concentration au moment de l’événement étaient faibles.
Vieillissement normal ou premiers signes de troubles cognitifs ?
Il est important de rappeler que mélanger des souvenirs ou nommer des événements dans le mauvais ordre chronologique n’est pas systématiquement pathologique. Il s'agit souvent d’un phénomène normal lié à l’âge. Toutefois, si l’oubli devient fréquent, qu’il s’accompagne d’autres signes comme la perte de repères spatio-temporels ou un changement de comportement, une évaluation médicale s’impose.
Ce sujet est d’ailleurs traité plus en détail dans notre article sur comment différencier un vieillissement normal d'une atteinte d’Alzheimer, qui peut vous aider à faire la distinction entre une évolution naturelle et des signes plus préoccupants.
Quelles sont les causes possibles du mélange de souvenirs ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi une personne mélange des souvenirs :
- Le stress et la fatigue : ils affectent directement la concentration et favorisent les oublis.
- Les émotions négatives : l’anxiété ou la tristesse peuvent perturber la consolidation de la mémoire.
- L’isolement social : moins on échange avec les autres, moins on stimule ses souvenirs.
- Des troubles cognitifs précoces : comme ceux observés dans les premiers stades de la maladie d’Alzheimer.
Pour mieux comprendre l’un des signes annonciateurs de cette maladie, nous vous recommandons de lire : Quand les mots manquent : un des premiers signes de la maladie d’Alzheimer.
Comment aider un proche qui confond les souvenirs ?
Plutôt que de corriger systématiquement un proche qui se trompe de date ou de contexte, il est souvent plus aidant de l’écouter sans jugement. Laissez-le raconter, posez des questions ouvertes qui l’encouragent à structurer ses récits. Ces échanges peuvent avoir un effet thérapeutique inattendu : ils maintiennent le lien social, sollicitent les fonctions cognitives et réconfortent.
Une idée douce et respectueuse consiste à lui proposer un support pour l’aider à mettre au clair ses souvenirs, comme un cahier de mémoire ou un livre à remplir. Le livre Raconte-moi ton histoire, par exemple, a été pensé justement pour ça : en posant des questions guidées, il facilite la narration et stimule la remémoration des souvenirs dans une atmosphère bienveillante.

Les bienfaits de raconter ses souvenirs
Encourager nos proches à parler de leur vie passée leur permet non seulement de mieux organiser leurs souvenirs mais aussi de retrouver une certaine fierté personnelle. Ils deviennent narrateurs, transmetteurs de mémoire. Cette pratique a également un effet bénéfique sur la prévention de la perte de mémoire, comme nous l’abordons dans cet article : Peut-on prévenir la perte de mémoire en encourageant nos proches à raconter leurs souvenirs ?
De telles discussions peuvent aussi permettre de détecter plus rapidement certains changements dans la mémoire, dans une démarche plus préventive. Vous pourriez, par exemple, remarquer qu’un proche raconte plusieurs fois la même anecdote ou qu’il évite certains sujets récents.
Quand consulter un professionnel ?
Il est recommandé de consulter un professionnel de santé (médecin généraliste, gériatre ou neurologue) si vous remarquez plusieurs des éléments suivants :
- Des oublis fréquents et inquiétants (rendez-vous, noms familiers)
- Des difficultés à effectuer des tâches quotidiennes (se repérer dans un lieu familier, préparer un repas)
- Des changements soudains de personnalité ou d’humeur
- Une tendance à se replier sur soi
Vous trouverez des conseils concrets dans notre article dédié à comment réagir face aux premiers signes d’Alzheimer chez un être cher.
Créer un lien grâce à la transmission de l’histoire familiale
Transcrire les souvenirs de nos aînés ne devrait pas seulement être une démarche préventive. C’est aussi une occasion unique de créer du lien intergénérationnel. En redonnant de la valeur aux récits de vie, on montre à nos proches qu’ils comptent et qu’ils ont une histoire digne d’être transmise.

Si vous êtes dans une phase où votre proche semble perdre ses repères, offrir un livre comme Raconte-moi ton histoire peut être une manière douce de le reconnecter à sa mémoire. Ce livre, souvent offert comme cadeau, devient alors un véritable pont entre les générations.
Enfin, n’oubliez pas que ce chemin ne se parcourt pas seul. Prenez soin de ceux que vous aimez, mais prenez aussi soin de vous. Pour aller plus loin, cet article peut vous être utile : Accompagner un parent qui a du mal à se souvenir de moments importants de sa vie.