Ressentir des émotions, c’est humain. Mais les comprendre et les apprivoiser, c’est une autre affaire. Pour beaucoup, les émotions du présent sont intimement liées au passé : une peur, une colère, une nostalgie… autant de sentiments qui prennent racine dans des événements marquants de notre histoire personnelle. C’est dans cette optique que l’écriture de soi devient un outil précieux, presque thérapeutique. Raconter les moments forts de sa vie permet de mieux comprendre ce que l’on ressent aujourd’hui, et parfois même, de se libérer émotionnellement.

Pourquoi revenir sur les moments clés de sa vie ?
S’arrêter un instant pour replonger dans ses souvenirs n’est pas un exercice anodin. Revenir sur des moments clés, c’est poser un regard objectif sur des expériences marquantes : un déménagement, une séparation, une réussite personnelle, un deuil, une naissance… Ces épisodes, qu’ils soient heureux ou douloureux, ont modelé notre personnalité. En prendre conscience permet de décrypter nos réactions actuelles face à certaines situations.
Écrire sur ces souvenirs donne la possibilité de les organiser, de les comprendre, et parfois de leur donner un sens nouveau. C’est une manière douce de gérer les émotions persistantes ou refoulées, souvent plus efficace qu’on ne l’imagine. Cette forme de narration personnelle est d’ailleurs largement utilisée en thérapie narrative et en accompagnement psychologique.
L’écriture comme moyen de régulation émotionnelle
De nombreuses études en psychologie ont montré que l’écriture expressive aide à réduire le stress, l’anxiété et les symptômes dépressifs. En mettant des mots sur ce qui a été vécu, on transforme des ressentis flous en récits cohérents. Cela permet une forme de prise de recul émotionnel, un apaisement même temporaire qui ouvre la voie vers une meilleure compréhension de soi.
Certaines personnes, par exemple, se surprennent à comprendre pourquoi elles ont du mal à faire confiance, ou pourquoi un événement anodin déclenche une réaction excessive : ces comportements trouvent souvent une explication dans des schémas passés non identifiés. L’écriture devient alors une passerelle entre le passé et le présent. Elle fait éclore une conscience plus claire de nous-mêmes, ce qui est souvent le premier pas vers le changement.
Quels souvenirs choisir pour commencer ?
L’un des freins à cette démarche d’écriture est de ne pas savoir par où commencer. Faut-il écrire de manière chronologique ? Choisir des souvenirs heureux ou douloureux ? La réponse dépend de chacun. Il est souvent judicieux de commencer par ce que l’on ressent comme « important », sans chercher à hiérarchiser. Quelques axes possibles :
- Un moment de rupture (un décès, une séparation, une décision importante)
- Un premier souvenir d’enfance marquant
- Une étape de vie charnière (adolescence, parent, expatriation…)
- Une blessure émotionnelle récurrente
Le livre Raconte-moi ton histoire offre justement un cadre rassurant pour cet exercice. Grâce à ses questions guidées, il permet de remonter le fil de sa vie étape par étape, sans jamais se sentir perdu ou submergé. Loin d’être un journal intime à remplir d’une traite, il devient un compagnon de route, discret mais essentiel.

Apprendre à se raconter pour mieux se comprendre
Mettre en récit sa propre vie, c’est aussi faire un travail d’acceptation. Il ne s’agit pas seulement de revivre les événements, mais d’en être le narrateur et le témoin. Cette posture active permet de prendre conscience de ses forces, de ses ressources, et des étapes franchies avec courage. C’est un moyen de valoriser son parcours, souvent plus riche qu’on ne le croit.
Écrire, c’est aussi se réapproprier son histoire personnelle, parfois altérée par des années de silence ou de non-dits. C’est dans cette optique que l’on peut libérer la parole autour de l’histoire familiale, souvent source de transmission émotionnelle implicite.
Transmettre sa mémoire émotionnelle
Notre histoire ne nous appartient jamais totalement. Elle s’inscrit dans une lignée, une continuité. Écrire sur les moments clés de sa vie permet aussi de transmettre aux générations suivantes des récits fondateurs. Cela donne un sens à ce que l’on a vécu, tout en ouvrant un dialogue intergénérationnel apaisé.
Nombreux sont ceux qui choisissent d’offrir Raconte-moi ton histoire à un parent ou un grand-parent, non pas comme un devoir de mémoire, mais comme un joli prétexte pour inaugurer une conversation nouvelle, douce et sincère. Ce voyage dans les souvenirs peut aussi être l’occasion de faire parler un proche fermé sur ses émotions sans le brusquer.
Des récits utiles pour la santé mentale
Enfin, écrire sur soi n’est pas seulement utile pour soi. Partager ses écrits, même en partie, peut aider d’autres à se reconnaitre, à se sentir moins seuls. Cette approche rejoint la logique de l’écriture partagée ou du témoignage solidaire, qui se révèle très efficace pour aborder la santé mentale dans les familles, les écoles ou les cercles proches. Elle contribue aussi, encore trop discrètement, à briser les tabous autour de la dépression et à créer de nouveaux modèles où la vulnérabilité n’est plus une faille, mais une richesse à transmettre.
Ce processus s’inscrit finalement dans une démarche de résilience, comme le montre très bien notre article sur l’importance du souvenir dans le chemin vers la résilience.
Conclusion : une pratique à la portée de tous
Écrire sur les moments clés de votre vie ne nécessite aucun talent d’auteur. Il suffit de l’envie de comprendre son propre vécu, de poser sur le papier ces événements qui résonnent encore dans l’intimité de vos émotions. Cet exercice de narration personnelle peut devenir un rituel, un signal envoyé à soi-même : vous prenez soin de votre histoire, et donc de vous.
Que vous choisissiez un cahier vierge ou un support guidé comme Raconte-moi ton histoire, l’important est de commencer. Pas à pas, mot après mot, vous vous offrez un espace de compréhension et de paix intérieure.