Difficulté à planifier des tâches simples : peut-on suspecter un début d'Alzheimer ?

Voir un proche peiner devant une tâche autrefois routinière comme organiser un repas de famille ou faire ses courses peut éveiller l’inquiétude. La planification, la mémoire de travail et la capacité à prioriser les actions sont des fonctions cognitives sensibles à l’avancée de l’âge — mais faut-il toujours en conclure à un début de maladie d’Alzheimer ?

Qu’est-ce que la difficulté à planifier au quotidien révèle sur le fonctionnement cognitif ?

La planification est une fonction exécutive du cerveau. Elle repose sur plusieurs éléments : la capacité à organiser une série d’actions, à anticiper les étapes nécessaires à une tâche, et à gérer les imprévus. Lorsque ces aptitudes commencent à vaciller, cela peut être le signe de multiples phénomènes, pas uniquement d'origine pathologique.

Il est important de considérer d’autres pistes. Par exemple, le stress chronique, un épisode dépressif ou encore une fatigue prolongée peuvent jouer fortement sur les fonctions dites exécutives. Chez les seniors, cependant, une vigilance particulière est nécessaire : ces troubles peuvent en effet faire partie des changements de comportement précoces annonciateurs de la maladie d’Alzheimer.

Alzheimer et difficulté à organiser ses journées : un symptôme parmi d’autres

Dans la phase initiale de la maladie d’Alzheimer, certains signes peuvent se dessiner bien avant les pertes de mémoire évidentes. Par exemple :

  • l’oubli de rendez-vous importants,
  • la difficulté à suivre une recette qu’on connaissait par cœur,
  • le fait de ne plus savoir comment planifier une sortie ou faire une liste de courses efficace.

Ces manifestations doivent être considérées dans leur globalité. Un spécialiste posera des questions sur les capacités linguistiques, la gestion du temps, mais aussi sur l’autonomie globale. Le test du dessin de l’horloge, fréquent en gériatrie, est d’ailleurs un bon indicateur de ces troubles organisationnels.

On retrouve davantage de repères autour de ces signaux d’alerte dans cet article : Alzheimer : reconnaître les signes avant qu’il ne soit trop tard pour documenter les souvenirs.

Quand faut-il s’inquiéter d’un manque de planification ?

La frontière entre une simple distraction liée à l’âge et un réel trouble neurologique n’est pas toujours nette. Cependant, certains signaux doivent faire l’objet d’une attention particulière :

  • La répétition de la difficulté, sur plusieurs semaines ou mois,
  • La perte d’initiative ou l’abandon de certaines activités habituelles,
  • Le repli sur soi par peur de « ne pas y arriver » ou d’être jugé.

Si vous remarquez ces comportements chez un proche, il est recommandé de consulter un médecin généraliste ou un neurologue. Un diagnostic précoce permet d'accompagner la personne de manière humaine et personnalisée, tout en engageant des démarches bienveillantes pour préserver son autonomie.

Stimuler les souvenirs et l’autonomie malgré les premières pertes organisationnelles

Perdre la capacité à planifier, c’est aussi perdre en estime de soi. Or le sentiment d’être utile et reconnu reste essentiel, y compris pendant une phase de troubles cognitifs. Dans cette optique, il est possible d’impliquer un proche atteint des premiers symptômes dans un échange mémoriel.

Éveiller les souvenirs, encourager la narration d’expériences passées, offrir des outils qui valorisent la vie du proche sont des gestes simples mais puissants. De nombreux aidants ont ainsi découvert avec surprise à quel point le livre “Raconte-moi ton histoire”, conçu comme un recueil de questions guidées pour remonter le fil de la mémoire, permettait de faire revivre les souvenirs positifs tout en favorisant une discussion authentique.

Livre Raconte-moi ton histoire ouvert à la page arbre généalogique

En guidant une personne vers le récit de sa propre vie, on renforce son identité, même lorsque le présent devient plus flou.

Comment documenter les souvenirs avant qu'ils ne se perdent ?

Trop souvent, les proches tardent à engager des échanges de fond avec une personne âgée, par crainte de la blesser ou par manque de temps. Pourtant, il n’est jamais trop tôt pour consigner les récits de famille, les souvenirs d’enfance, les anecdotes fondatrices. Ces témoignages, que l’on rassemble parfois tardivement lorsqu’un parent est déjà en institution, sont alors largement incomplets.

Initier un échange autour de l’histoire personnelle, comme le propose le concept de livre à compléter “Raconte-moi ton histoire”, permet de créer ensemble une trace durable et transmise. C’est un pont entre générations, mais aussi un outil de prévention face à l’oubli progressif.

Livre Raconte-moi ton histoire sur un lit avec un stylo à côté

Ces moments partagés deviennent particulièrement précieux lorsque les mots commencent à se dérober. Pour aller plus loin, découvrez cet article : Début d'Alzheimer : comment aider son parent à revisiter son histoire personnelle.

Des ressources pour mieux accompagner

Un proche commence à oublier ses rendez-vous, perd le fil dans les conversations ou semble désorganisé face à de simples tâches ? Cela ne signifie pas nécessairement un diagnostic immédiat, mais cela justifie une attention ouverte et continue. Des réseaux existent pour soutenir les familles et orienter les démarches, comme les plateformes de répit pour les aidants, France Alzheimer et les ESPAS (Espaces Seniors Prévention Autonomie Santé).

Le site Mémoire-Alzheimer.org ou le portail Services Publics regroupent également des informations fiables et accessibles. Et pour approfondir les signes précoces, cet article peut offrir un éclairage utile : Mon proche répète souvent les mêmes choses : signe d'Alzheimer ou pas ?