Les récits de guerre ou d’exode sont souvent chargés d’émotions brutes, de silences, de pertes mais aussi de résilience. Ces histoires familiales, parfois enfouies ou transmises par bribes, forment pourtant un socle essentiel de l’identité des générations suivantes. Les faire vivre, les transmettre, c’est sortir ces fragments de vie de l’oubli et leur donner un sens.

Pourquoi est-il essentiel de transmettre l'histoire familiale liée à la guerre ou à l'exil ?
Les traumatismes collectifs, comme les guerres, les génocides ou les vagues migratoires forcées, engendrent des blessures profondes qui se répercutent souvent sur plusieurs générations. Pourtant, lorsque ces histoires sont cachées ou tues, elles laissent un vide difficile à combler chez les descendants. À l’inverse, les transmettre peut :
- Permettre aux jeunes générations de mieux comprendre leur héritage.
- Apaiser des tensions familiales causées par des non-dits ou des tabous.
- Offrir un modèle de résilience et de force face à l’adversité.
C’est parfois au fil des mots, au détour d’un souvenir raconté, que les membres d’une famille trouvent une forme de réconciliation avec leur passé.
Comment éveiller la mémoire de ses proches pour recueillir les souvenirs ?
Beaucoup de personnes âgées ayant vécu des conflits comme la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie ou l’exode pendant la Shoah, par exemple, ont enfoui leurs souvenirs comme mécanisme de survie. Leur demander de les raconter peut éveiller des émotions intenses. Voici quelques pistes pour amorcer ces échanges avec délicatesse :
- Commencer par des moments heureux ou anodins pour créer un climat de confiance.
- Utiliser des objets comme des photos, lettres, cartes postales pour raviver la mémoire.
- Poser des questions ouvertes, sans presser : « Comment était la vie à cette époque ? », « Qu’est-ce qui t’a marqué lorsque tu as dû partir ? »
Certains outils peuvent faciliter cette démarche, comme le livre Raconte-moi ton histoire, qui propose des pages à compléter avec des questions guidées. Ce support structuré permet à chacun d’avancer à son rythme tout en se sentant accompagné dans le récit de ses souvenirs difficiles.
Choisir le bon moment et le bon cadre pour recueillir les récits liés à la guerre
Le temps joue un rôle capital dans la transmission d’histoires sensibles. Il arrive qu’un grand-parent éprouve le besoin de témoigner seulement à l’approche de la fin de sa vie, ou après un événement déclencheur, comme une naissance dans la famille ou une commémoration collective. Offrir un espace sécurisant, comme un après-midi de partage en famille, peut ouvrir des portes jusqu’alors fermées.
On peut aussi s’inspirer des pratiques de l'écriture thérapeutique : laisser son proche écrire son histoire à son rythme, seul ou accompagné. Le livre “Raconte-moi ton histoire” peut ici servir de fil rouge, aidant à structurer le récit tout en respectant l’intimité du témoin.

Faire le lien entre l’histoire individuelle et la mémoire collective
Quand une famille transmet une histoire de guerre ou d’exode, elle contribue aussi à la mémoire historique d’un pays ou d’une communauté. Ces récits personnels sont souvent absents des livres d’histoire mais remplis de vérité et d’humanité. Ils peuvent nourrir d'autres formes d'expression : témoignages oraux, archives familiales mises à disposition des chercheurs, voire création artistique (documentaires, romans inspirés, expositions).
L’enseignement est double : il permet de reconnaître la valeur de chaque histoire vécue, et d’ancrer l’histoire familiale dans un récit collectif plus large. D’ailleurs, sur des initiatives comme celles de Mémoire-Net, de nombreux récits de guerre sont recueillis et partagés, car chacun mérite d’être entendu.
Comment aborder les récits douloureux avec honnêteté sans raviver la souffrance ?
Transmettre une histoire de guerre ou d’exil ne signifie pas relater chaque détail traumatique. Il s’agit d’un équilibre subtil entre vérité et pudeur. Comme évoqué dans notre article Comment écrire un récit de vie sans édulcorer les épreuves, le respect de la sensibilité du narrateur est essentiel. Rien ne l'oblige à raconter ce qu’il ne souhaite pas évoquer.
Certains choisiront de témoigner pour protéger les générations futures, pour briser le silence. D’autres jugeront que leur vécu n’a pas besoin d’être revécu. Il importe de leur laisser cette liberté. Ce qui compte, c’est que ce qui est transmis le soit avec sincérité, à leur rythme, et selon leur volonté.
Quels outils utiliser pour pérenniser ces récits familiaux ?
La forme de transmission dépend du lien et des ressources de chaque famille. Parmi les solutions les plus accessibles :
- Des entretiens enregistrés (audio ou vidéo).
- Des cahiers de mémoire manuscrits.
- Un livre structuré à remplir, comme Raconte-moi ton histoire, qui facilite l’ancrage des souvenirs dans le quotidien.
- Une réunion de famille dédiée au partage de souvenirs intergénérationnels.
Des familles ayant traversé des crises majeures témoignent d’ailleurs de la richesse de ces pratiques, comme en témoigne notre article sur les récits de crise et de renaissance.
Transmettre la résilience comme héritage familial
Au-delà des faits historiques, ce qui est souvent le plus puissant dans les récits de guerre ou d’exil, c’est la capacité des protagonistes à se reconstruire. Les enfants et petits-enfants tirent une immense force de ces témoignages : se sentir les descendants d’un survivant, d’un résistant, d’un exilé ayant tout reconstruit, c’est apprendre que la résilience fait partie de leur lignée.
Cela rejoint l’idée développée dans cet article sur la force des parents résilients : ces histoires, même tragiques, portent en elles une lumière précieuse à transmettre.
Pour mieux accompagner ce processus de transmission, des outils comme le livre Raconte-moi ton histoire s’insèrent dans cette dynamique de mémoire vive. Ce n’est pas un simple livre, mais un passeur de mémoire qui permet à chacun, selon son vécu, de raconter ce qui peut l’être – et d’en faire un héritage pour ceux qui suivront.