Comment savoir s’il faut pardonner ou tourner la page ?

Livre Raconte-moi ton histoire sur un lit avec un stylo

Pourquoi cette question nous touche tous un jour

La question du pardon ou du lâcher-prise revient souvent dans nos vies, que ce soit après une dispute familiale, une trahison amicale ou une séparation douloureuse. Si elle semble universelle, c’est parce qu’elle fait appel à deux besoins humains fondamentaux : le besoin de justice et celui de paix intérieure. Pardonner, c’est parfois donner une seconde chance. Tourner la page, c’est choisir soi. Mais comment déterminer ce qui est le plus juste pour soi à un moment donné ?

Comprendre le véritable sens du pardon

Pardonner ne signifie pas toujours oublier ou excuser. C’est avant tout une libération personnelle, un acte de souveraineté sur son propre vécu. Cela peut vouloir dire : “Je choisis de ne plus laisser cette blessure avoir du pouvoir sur moi.” Pour certaines personnes, le pardon est un chemin de reconstruction ; pour d’autres, il est inenvisageable sans réparation, sans reconnaissance du tort causé.

Les psychologues s’accordent souvent pour dire que le pardon est avant tout un besoin intime, et non une obligation morale. Il ne se décrète pas, il se construit peu à peu, parfois même sur toute une vie. Le plus difficile est souvent de savoir quand on est prêt à pardonner… ou pas.

Tourner la page : une forme de soin

Tourner la page n’est pas fuir. C’est mettre une fin, choisir l’intégrité émotionnelle plutôt que de s’enliser dans un lien douloureux. C’est aussi se protéger. Dans certaines situations, surtout lorsqu’il s’agit de relations toxiques ou abusives, couper le lien devient vital pour retrouver son équilibre. Laisser partir, c’est parfois le plus grand acte d’amour que l’on puisse poser pour soi-même.

Ce processus implique souvent une période de deuil : il faut faire le deuil d’un avenir rêvé, d’une confiance brisée ou d’un attachement qui s’est détérioré. Dans ce contexte, rédiger un journal ou se confier à un proche peut aider à traverser cette étape sans s’y engluer.

Se poser les bonnes questions pour avancer

Avant de choisir entre pardonner ou tourner la page, il est essentiel de se poser des questions sincères :

  • Qu’est-ce qui m’a été fait ?
  • Quel impact cet événement a-t-il encore sur moi aujourd’hui ?
  • La personne concernée reconnaît-elle sa responsabilité ?
  • Puis-je reconstruire une relation saine avec elle ?
  • Qu’est-ce que je ressens au fond : de la colère, de la tristesse, un besoin de réparation ?

Ces questions ne trouvent pas toujours immédiatement de réponses. Mais y réfléchir donne souvent les premières clés du choix à poser.

Dans notre article "Aider ses proches à mettre des mots sur un instant qui a tout changé", nous abordons justement l’importance de verbaliser les émotions liées aux fractures de la vie.

Le rôle du récit dans la cicatrisation intérieure

Le cheminement vers le pardon ou l’abandon d’une relation ne se fait jamais en silence. Raconter ce qu’on a vécu permet de mettre de l’ordre dans ses souvenirs, de réinterpréter l’événement, de reconquérir son histoire. Cette parole libératrice peut prendre la forme d’une conversation, d’une lettre non envoyée, ou d’un livre.

Un outil comme Raconte-moi ton histoire peut dans ce contexte devenir un accompagnement discret mais précieux. Ce livre invite à raconter les étapes d’une vie, dans ses plus beaux jours mais aussi à travers ses zones d’ombre. Beaucoup de personnes qui l’ont offert à leurs parents ou grands-parents découvrent à quel point certaines blessures anciennes peuvent être parlées… et parfois guéries.

Livre ouvert à la page d’un arbre généalogique

Accepter que la réponse évolue avec le temps

Parfois, on croit avoir pardonné… et une douleur resurgit. Parfois, on se dit qu’on ne pourra jamais tourner la page… et la vie nous surprend. Il n’y a pas de réponse figée. Notre perception change avec l'âge, les expériences, les rencontres. Certains silences prennent du sens plus tard, certains choix nous apparaissent soudain comme nécessaires.

De nombreuses personnes témoignent dans cet article que les récits de douleur transmis à leurs enfants ou petits-enfants leur ont permis de donner une utilité nouvelle à leurs blessures anciennes.

Quand le pardon devient une transmission

Choisir de pardonner ou de tourner la page ne concerne pas seulement celui qui agit : ce choix impacte aussi les générations suivantes. Les rancœurs non dites, les conflits familiaux tus ou niés peuvent traverser le temps comme des fardeaux invisibles. À l’inverse, montrer à ses enfants qu’il est possible de réparer ou de quitter dignement peut devenir un véritable héritage émotionnel.

Mettre en récit sa propre reconstruction aide les autres à s’autoriser à faire de même. L’article "Transformer un moment de crise en récit porteur d’espoir" explore justement cette dimension symbolique du récit dans les familles.

Ouvrir un espace de dialogue en famille

Ce type de question touche souvent plusieurs membres d’une même famille, même si elle n’est pas explicitement évoquée. Il est alors précieux de créer un espace où chacun peut évoquer à son rythme ce qu’il a vécu. Cela peut se faire autour d’un album de famille, d’une grande conversation ou avec l’aide d’un support comme Raconte-moi ton histoire, qui pose des questions douces mais profondes sur les moments fondateurs de la vie.

Ces instants ouvrent souvent des chemins inattendus vers la parole, la compréhension et parfois, le pardon partagé. Nous proposons d’ailleurs quelques pistes dans notre article : "Évoquer les périodes d’incertitude avec ses proches".

En conclusion : choisir en conscience

Il n'existe pas de réponse universelle à la question "faut-il pardonner ou tourner la page ?". Mais il existe une vérité propre à chacun, qu’il est possible d’éclairer par l’introspection, la parole et la narration de soi. Le plus important est de faire ce choix en conscience, en respectant son propre rythme.

Qu’il s’agisse de renouer ou de s’éloigner, ce type de choix s’inscrit dans une trajectoire de vie, et, parfois, il devient un chapitre clé que l’on transmet aux générations suivantes. Dans cet esprit, quelques familles choisissent même d’inscrire ces expériences intimes dans un récit global, via un objet comme le livre "Raconte-moi ton histoire".

L’essentiel étant peut-être de se rappeler que l’on n’écrit pas son histoire tout seul, mais que chacun reste l’auteur de la manière dont il choisit de la raconter.