Il existe un moment dans la vie où l’on prend conscience que nos parents, ces piliers silencieux de notre histoire familiale, ne seront pas éternels. L’envie de préserver leur mémoire devient alors urgente. Pourtant, savoir comment recueillir les souvenirs de ses parents peut sembler délicat : par où commencer ? Que leur demander ? Et surtout, comment faire en sorte qu’ils se confient en toute sérénité ?
Pourquoi il est essentiel de recueillir les souvenirs de ses parents
Nos parents détiennent une mémoire précieuse, témoin d’une époque que nous n’avons pas vécue. Leurs souvenirs sont souvent tissés de faits historiques, de traditions oubliées, de routines anciennes. En les questionnant, nous créons non seulement un lien intergénérationnel fort, mais nous protégeons aussi un patrimoine familial inestimable. De nombreuses études montrent que parler du passé favorise le bien-être psychologique, notamment chez les personnes âgées, comme en témoigne cet article consacré aux bénéfices du souvenir en maison de retraite.
Comment aborder le sujet avec naturel
L’un des freins majeurs à la collecte des souvenirs est la manière dont on amorce la discussion. Plutôt que d’annoncer froidement « Je veux t’interviewer sur ta vie », il est plus doux et efficace de commencer par une photo ancienne, un objet de leur jeunesse ou une anecdote souvent racontée. Ces déclencheurs sont de véritables portes d’entrée vers des récits riches. Vous pouvez aussi proposer une activité intergénérationnelle comme la réalisation d’un arbre généalogique ou le tri d’un album photo.
Pour engager une conversation plus profonde et éviter les banalités, nous vous invitons à consulter ce guide sur les sujets de conversation profonds.
Les erreurs à éviter quand on parle du passé
Poser des questions peut parfois réveiller des souvenirs douloureux ou provoquer de la gêne. Il est donc important de respecter le rythme de la personne interrogée, de ne jamais insister si elle ne souhaite pas répondre et d’éviter tout jugement face à certaines confidences. Il peut aussi arriver que la mémoire flanche. Là encore, il convient de rester bienveillant. Ce qui compte, ce n’est pas que le souvenir soit parfaitement exact, mais qu’il ait une résonance émotionnelle.
Les outils concrets pour structurer la collecte de souvenirs
Pour ceux qui ne savent pas comment organiser la conversation, il existe des supports très utiles. Parmi eux, le livre "Raconte-moi ton histoire" propose un cadre tout prêt, avec des questions guidées destinées à révéler les grandes étapes d’une vie : l’enfance, les traditions familiales, les rencontres marquantes, mais aussi les valeurs transmises et les rêves nourris.

Ce type de support permet une approche en douceur, où la personne interrogée se sent guidée, mais jamais forcée. Il peut également être offert comme un cadeau, lors d’une occasion spéciale (fête des mères, fête des pères, anniversaire), ce qui ajoute une dimension affective à la démarche.
Inclure les souvenirs dans le quotidien
Il n'est pas obligatoire de planifier des séances formelles pour recueillir les souvenirs. Une bonne stratégie est de créer un climat propice à la parole lors des moments de partage : un repas en famille, une promenade ou une visite. En ce sens, les visites régulières en maison de retraite ou à domicile sont des occasions idéales pour dialoguer paisiblement.
Vous pouvez lire à ce propos ces idées de discussions lors des visites à un proche âgé. Le souvenir devient alors non seulement un outil de transmission, mais aussi un vecteur de lien social et familial.
Numériser et conserver les témoignages
Une fois les souvenirs recueillis, pensez à les archiver. Vous pouvez prendre des notes, enregistrer les conversations (avec accord préalable bien sûr), ou même filmer certains moments forts. De nombreuses applications aujourd’hui permettent d’enregistrer ces histoires et de les partager avec d'autres membres de la famille.
Certains choisissent même de créer une “capsule temporelle familiale” : une boîte contenant des lettres écrites à la main, une clé USB d’interviews audio, un arbre généalogique manuscrit... Le tout peut être conservé dans un espace sûr ou offert à la nouvelle génération lors d’un événement familial.
Impliquer la famille dans l’exercice de mémoire
Recueillir les souvenirs peut et doit devenir un projet familial. Petits-enfants, cousins, frères et sœurs : chacun peut poser ses propres questions, rédiger une partie de l’histoire, ou illustrer des passages. Cela renforce les liens entre générations, tout en multipliant les perspectives sur une même vie racontée. Le recueil devient alors un projet collectif chargé d'émotions.

Certains moments et souvenirs en ressortent d’autant plus précieux qu’ils sont partagés et réinterprétés par plusieurs membres de la famille. Il est également possible d'inviter plusieurs proches à compléter simultanément un exemplaire du livre Raconte-moi ton histoire.
Quand nos parents ne se souviennent plus
Le déclin de la mémoire, parfois causé par l’âge ou la maladie, est naturellement une source de frustration. Dans ces cas, il peut être utile d’utiliser des repères visuels : photos, objets anciens, musiques marquantes. La mémoire affective, elle, perdure souvent plus longtemps que la mémoire factuelle. Par ailleurs, se référer au passé, même de manière imparfaite, peut aider les personnes âgées à accepter leur situation. Ce sujet est approfondi dans cet article sur l’adaptation au grand âge grâce aux souvenirs.
Faire de cette démarche un acte d’amour
En fin de compte, recueillir les souvenirs de ses parents ne se limite pas à poser des questions. C’est un acte d'attention, d’amour et de transmission. C’est rappeler à nos proches que leur vie, leurs expériences, leurs leçons méritent d’être écoutées et conservées. C’est dire : "Je t’écoute, tu comptes pour moi."
Et parfois, c’est aussi recueillir des réponses qui permettent de mieux se comprendre soi-même, en découvrant ce qui nous lie, ce que nous héritons, consciemment ou non, de ceux qui nous ont précédés.
Ce geste de mémoire est un don, autant pour eux que pour nous. Ne laissons pas le temps effacer les voix de ceux qui nous ont tant donné. Agissons aujourd’hui.