Activités à faire ensemble pour que les ados parlent de leurs émotions

Parler d’émotions avec un adolescent peut parfois ressembler à une mission impossible. Pourtant, ces années de bouleversements émotionnels sont aussi celles où le dialogue est le plus nécessaire. Les ados ont besoin d’un espace sûr pour explorer ce qu’ils ressentent, mais ils n'ont pas toujours les mots, ni l'envie, de s'ouvrir facilement. C'est pour cela que certaines activités partagées peuvent devenir des supports naturels de communication.

Créer un moment propice grâce aux activités partagées

Les conversations importantes ne surgissent pas toujours en face-à-face. Elles émergent souvent lorsque l’attention est ailleurs — en cuisinant, en dessinant, en marchant. C'est dans ces instants partagés que les mots se débloquent, presque malgré eux. Suggérer une activité ensemble, sans objectif explicite de "parler", permet à l'adolescent de garder une forme de contrôle tout en facilitant une forme d’introspection émotionnelle.

Faire parler les émotions à travers la créativité

De nombreuses activités créatives ont le pouvoir de débloquer la parole. Voici quelques idées :

  • Tenir un carnet de dessin ou de collage : Laisser l’adolescent s’exprimer par l’image peut être un bon moyen de parler ensuite de ce qu’il a voulu représenter. Même si rien n’est verbalisé immédiatement, les émotions circulent.
  • Fabriquer une boîte à émotions : En utilisant une boîte en carton customisée, proposez-lui de glisser des mots, des objets, ou des images qui évoquent un état émotionnel vécu. Cette boîte devient un point de départ pour des échanges à tête reposée.
  • L'écriture semi-guidée : Proposer à son ado d’écrire à partir de phrases amorces : "Ce que je déteste...", "Quand je suis en colère...", "Ce qui me rend triste...". Ces débuts de phrases ouvrent la porte à des confidences écrites, parfois plus faciles que l’oral.

Dans cette idée de prise de parole douce et guidée, certains outils peuvent être utiles. Par exemple, le livre Raconte-moi ton histoire propose une série de questions ouvertes à compléter. Même s’il est souvent offert à des grands-parents ou des parents, il a parfois été utilisé par des ados pour mieux se raconter.

Livre Raconte-moi ton histoire sur un lit avec un stylo à côté

Utiliser le mouvement pour faciliter l’échange

Le corps en mouvement apaise souvent le mental. Marcher aux côtés de son ado peut permettre un échange plus fluide. Plusieurs familles ont rapporté que certaines discussions, impossibles à table, se débloquent tout naturellement lors d’un trajet à pied ou à vélo. Voici quelques exemples :

  • Randonnée ou simple balade : Choisissez un itinéraire simple et laissez le silence s’installer au besoin. L’ado sait que vous êtes présent, disponible. Parfois, cela suffit.
  • Activités sportives partagées : Que ce soit le badminton, le jogging ou même un cours de yoga parent-ado, ce sont des occasions où la complicité permet l’ouverture émotionnelle sans pression.

Favoriser les échanges à travers des jeux émotionnels

Les jeux sont une manière douce et souvent efficace d’aborder les émotions sans créer de gêne. En voici quelques-uns :

  • Cartes des émotions : Il existe des cartes (par exemple, "Blanc Manger Coco – Parentalité" ou "Feelings Cards") illustrant différentes émotions. Jouez ensemble et demandez quelle carte correspond à ce qu’on a ressenti dans la journée ou la semaine.
  • Jeux de rôle : Les jeux de société qui impliquent des choix moraux, des dilemmes ou des scénarios permettent d’engager une discussion sur ce qu’on ferait, ce qu’on ressentirait.

Nous explorons d'ailleurs ici des jeux pour connecter les générations, qui peuvent aussi servir à améliorer les ponts émotionnels entre parents et ados.

Plonger dans les souvenirs familiaux

Remonter le fil de l’histoire familiale peut aider les ados à mieux comprendre leur propre identité émotionnelle. L'exercice de mémoire fait émerger des questionnements : « Et toi, tu ressentais quoi à mon âge ? » Par ailleurs, parler de leurs propres souvenirs renforce leur capacité de verbalisation.

On peut construire ensemble un arbre généalogique, feuilleter d’anciens albums ou remplir ensemble un livre comme Raconte-moi ton histoire, qui invite à retracer sa vie à travers des questions guidées. Ces moments permettent une transmission implicite et authentique des émotions et vécus.

Page arbre généalogique du livre Raconte-moi ton histoire

Créer des rendez-vous émotionnels réguliers

Il ne faut pas attendre la crise pour parler des émotions. Intégrer des rituels émotionnels dans la routine peut devenir un outil précieux.

  • Le "bocal émotion" du soir : Chacun note un ressenti de sa journée, qu’on lit ou non. Cela valide le fait que toutes les émotions ont droit d’être là.
  • Le point du vendredi soir : Autour d’un chocolat chaud ou d’un repas spécial, on se demande : "Qu’est-ce qui t’a rendu fier/triste/inquiet cette semaine ?"

Pour d’autres idées concrètes de rituels simples à instaurer au quotidien, consultez notre article consacré aux rituels du soir ou du week-end avec son ado.

Écouter sans corriger : le rôle fondamental de l’adulte

Peu importe l’activité choisie, la règle d’or reste identique : accueillir sans juger. L’adolescent doit sentir qu’exprimer une peur ou une colère ne risque pas de déclencher une réaction excessive ou moralisatrice.

La posture d’écoute, parfois silencieuse, est souvent plus précieuse qu’un long discours d’adulte. C’est souvent dans ces espaces sécurisants que les jeunes osent explorer ce qu’ils ressentent vraiment.

Pour aller plus loin

Renforcer le lien et la parole avec son adolescent demande du temps, de la bienveillance et une certaine créativité. Si votre ado semble en retrait, n’hésitez pas à consulter notre article Que faire quand son ado ne veut plus passer de temps en famille. Vous y trouverez d’autres pistes concrètes pour relancer la connexion.

Par ailleurs, rapprocher parents et ados à travers des souvenirs est une approche douce, que nous avons approfondie dans notre article sur les activités basées sur les souvenirs.

Enfin, si les moments de parole existent mais manquent d'engagement, découvrez comment rendre les discussions familiales intéressantes pour un ado.

Chaque famille est unique. L’essentiel est de tester, ajuster, et surtout : persévérer. Car au-delà des activités, ce dont un ado a le plus besoin... c'est de sentir qu'on est là.